Les audioprothésistes expriment leurs inquiétudes dans le cadre de la concertation lancée le 23 janvier dernier par Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé. « Force est de constater que 3 mois plus tard, aucun accord n’a été trouvé et aucune des nombreuses propositions chiffrées et réalistes, faites par la profession, n’a été acceptée par les services du ministère », déplorent les instances représentatives de la profession*.
Les actuels remboursements adultes n’ont pas été réévalués depuis 1986 et sont totalement « déconnectés » de la réalité économique (120 € par oreille en France, contre 800 € en Allemagne, 660 € en Belgique, 600 € en Italie). Or, pour l’heure, « le ministère ne prévoit aucun moyen financier nouveau pour les remboursements de la Sécurité sociale ! ».
Les inquiétudes ont été confirmées lors de l’étude commandée par les audioprothésistes auprès du cabinet indépendant Xerfi : « c’est la viabilité économique du secteur qui est en jeu avec le projet actuel avec, pour conséquences prévisibles, un écroulement de l’offre de soins en audioprothèse », poursuivent-ils. Selon le site EDP Audio, l'étude Xerfi montre un impact faible de la réforme sur le nombre de personnes appareillées, qui passerait de 38,4 % aujourd'hui, à 44 % en 2022 sans réforme, et 46 % avec la réforme. Rappelons que le ministère a fixé un objectif de 45%. « Le résultat net du secteur baisserait fortement dès l'année n+1 pour devenir négatif ensuite. En conséquence, plus de 16% de la population de centres seraient amenées à disparaître à 5 ans », pointe le cabinet Xerfi
Plusieurs travaux scientifiques publiés récemment confirment que le déficit auditif est le principal facteur modifiable de prévention de la démence. Les enjeux de prévention de la dépendance imposent donc un véritable engagement de la Sécurité sociale. Sans moyens supplémentaires, non seulement le reste à charge zéro n'atteint pas son objectif, mais pire, « il risque de conduire à une dégradation de la prise en charge, rapidement constatée par les actuels usagers, dont environ 1,8 million sont des retraités ».
La prochaine réunion de concertation sur le « RAC 0 » est prévue le 3 mai. A cette occasion, les audioprothésistes souhaitent « des avancées concrètes et une prise en compte par le ministère de ses nombreuses propositions afin de construire véritablement un projet réaliste au bénéfice des usagers ».
*Les instances représentatives de l’audioprothèse sont le Collège national d’audioprothèse (CNA), le Syndicat national de l’audition mutualiste (Synam), le Syndicat national des entreprises de l’audition (Synea), le Syndicat national des audioprothésistes (Unsaf).