Suite à l'annonce il y a 2 jours du partenariat entre l'Opticien Qui Bouge et Lyleoo (entreprise de téléexpertise en ophtalmologie), le Road (Regroupement des opticiens à domicile) a réagit dans un communiqué de son président, Matthieu Gerber.
« La solution proposée par des sociétés comme Lyleoo est illégale dans le cadre de pratique en mobilité (NDLR l’examen de réfraction est illégal en dehors d’un magasin, hormis dans le cadre d’expérimentations qui concernent les Ehpad). C’est une fausse promesse, qui n’apporte pas la bonne solution au patient, creusant d’autant plus le fossé entre ses besoins et l’expertise médicale. La prescription, adressée uniquement sur la base de la réfraction réalisée par l’opticien, ne prend pas en compte l’état général de santé visuelle du patient évalué stricto sensu après la réalisation d’examens complémentaires tels que la mesure de la tension intraoculaire ou l’imagerie du fond d’œil. Le patient, ainsi privé d’un bilan médical complet, est “mis sur la touche” alors même qu’il pourrait présenter les symptômes non diagnostiqués d’une pathologie oculaire, sous-jacents à son défaut visuel nécessitant une prise en charge médicale », explique Matthieu Gerber.
« Le “circuit court pour la santé visuelle”, tel que défini par ces solutions, cache in fine un guichet à ordonnances (94% des demandes ont donné lieu à l’émission d’une ordonnance, une fois l’étape du questionnaire passée comme le revendique le fondateur de Lyleoo), réduisant ainsi l’opticien à un simple vendeur de lunettes, une image simpliste de la profession dont on aura encore du mal à se défaire avec ce type de dérives. Certes, il est central qu’une prescription pour un équipement correcteur provienne de l’ophtalmologiste au lieu d’un médecin généraliste. Néanmoins, il n’est pas souhaitable de confondre prescripteur et fournisseur.
Autre confusion à éviter, un usage inapproprié de vocabulaire, aux dépens du patient non aguerri en la matière. En effet, les termes téléexpertise ou téléconsultation sont aujourd’hui complètement fourvoyés compte tenu que l’opticien, à date, n’a pas le droit d’intégrer un protocole de télémédecine », complète-t-il.
« Pour autant, la téléexpertise, au sens strict du terme, n’est pas à bannir et doit être ouverte aux opticiens en mobilité. Pour apporter une réponse concrète aux besoins de la population, tant sur le volet prévention que le service sur les lieux de vie, la téléexpertise offre un intérêt partagé et des avantages pour toutes les parties prenantes, dans le respect des bonnes pratiques et en collaboration étroite avec l’ensemble des acteurs de la filière. C’est le projet soutenu par l’association et actuellement présenté aux pouvoirs publics. Nous attendons une réponse rapide du législateur sans quoi nous allons connaître une expansion de pratiques inadaptées », ajoute t-il.
« Alors que l’association ROAD vise à renforcer le métier d’opticiens en mobilité tout en améliorant l’accès à la santé visuelle pour tous, nous sommes consternés d’observer ces usages qui desservent la profession dans son ensemble alors même que plusieurs acteurs et syndicats professionnels revendiquent, à juste titre, une revalorisation du métier en tant que professionnel de santé au cœur de la prise en charge du patient, en collaboration avec l’ensemble des acteurs de la filière.
Nous nous désolidarisons des acteurs qui font la promotion de ce type de service, avant tout mercantile et individualiste, et spécifiquement la société L'Opticien Qui Bouge, dont la présence au sein de l'association est aujourd’hui remise en cause en l’absence de marche arrière », conclut Matthieu Gerber.