Alors que le Gouvernement planche toujours sur le décret devant définir les planchers et plafonds de remboursement pour l'optique médicale, notre profession peut déjà savourer de petites victoires. La mesure devait être publiée fin mars mais en ce début du mois de juin, les ministères revoient encore leur copie. Si les Ocam alertaient déjà sur la difficulté de mettre en place les nouveaux contrats solidaires et responsables au 1er janvier 2015, plus les jours passent plus cela semble compliqué.
Le dossier est en effet épineux. S'il pensait bien faire, le Gouvernement se heurte à la fronde de plusieurs acteurs. Notre filière mais aussi les complémentaires santé et leurs plateformes de soins, les ophtalmologistes et les associations d'usagers comme le Collectif inter-associatif sur la santé (Ciss) ont mis en garde les politiques sur les dangers de la mesure. Les interventions du Groupement des Industriels et Fabricants de l'Optique (Gifo) ont permis d'alerter le ministère de l'Economie qui, en collaboration avec le ministère de la Santé, s'est penché sur le sujet. Nous pouvons ainsi espérer que notre industrie française et les 50 000 emplois potentiellement concernés seront préservés.
Déjà le dernier projet de décret, que nous avons relayé le 6 juin dernier (lire notre news : Plafond de remboursement : montants revus à la hausse et création d'un Observatoire des prix en optique), présente quelques aménagements adaptés. Le forfait maximum pour les montures passerait à 150 euros contre 100 euros et la complexité des corrections visuelles est mieux prise en compte. Ainsi les planchers et plafonds de remboursement pourraient être de cet ordre :
- de 50 à 450 euros (dont 150 euros de monture) pour un myope de -2,00 comme le prévoyait la première version du texte ;
- de 200 à 800 euros (dont 150 euros de monture) pour une personne presbyte et myope de -7,00, soit 100 euros de plus que le projet initial.
Notons enfin que l'idée d'un réajustement en 2018 semble avoir été abandonnée.
Toutefois, si certains remboursements ont été revus à la hausse, les personnes dont le défaut visuel sera plus difficile à corriger auront le plus de reste à charge. Aussi, « le minimum de 50€ risque de faire disparaitre les offres à 29€ ou 39€ qu'on peut trouver sur le marché, note Gilles Oster, PDG de Vision Consultance. Ses offres n'étaient pas beaucoup vendues, mais elles avaient le mérite d'exister et de permettre à n'importe qui de pouvoir s'acheter une paire de lunettes en unifocaux. Depuis quelques jours, une offre à 9,99€ (monture + 2 verres unifocaux) a vu le jour. Dommage pour les pauvres ! », ironise-t-il.
Mais le décret semble encore loin d'être au point. En attendant, la mobilisation de la filière ouvre la voie de la réflexion. De petites victoires qu'il faut souligner dans l'ambiance morose des derniers mois. Quoi que le marché ne semble pas se comporter si mal depuis le début de l'année ! Un effet qui pourrait être lié à une anticipation du renouvellement des équipements suite à l'annonce du plafonnement des remboursements. On pouvait le présager...