Entretenir de bonnes relations avec les ophtalmologistes est avant tout une question de confiance. Cet échange entre les deux professions assure un cercle de santé sécurisé pour le patient. Installée à Grenoble (38), le Dr. Evelyne Le Blond, ophtalmologiste, s'attache à connaître les opticiens qui travaillent dans son secteur. Past-présidente de la SFO-ALC, elle souhaite que les opticiens s’investissent davantage dans l’information et le conseil auprès des porteurs de lentilles.
Quelles relations entretenez-vous avec les opticiens de votre secteur ?
Les relations ophtalmologistes-opticiens se construisent. J’ai d’excellentes relations avec les opticiens de mon secteur. Nous avons appris à nous connaitre notamment au travers de réunions que nous organisons localement depuis longtemps. Nous travaillons en bonne entente et de nombreux opticiens m’envoient des patients à adapter en lentilles de contact.
Toutefois, je remarque avec l’arrivée des nouvelles générations que les relations changent. Les jeunes opticiens qui s’installent, ne se présentent que rarement. Ils ont plutôt tendance à vouloir voler de leurs propres ailes et à corriger les ordonnances sans nous prévenir. Je m’en rends compte quand je revois mes patients quelques années plus tard. A ce moment-là, je les appelle afin d’expliquer mes choix et ma prescription qui correspondent à des pathologies locales oculaires. C’est aussi comme cela que nous apprenons à nous connaitre.
Quelles sont les attentes des ophtalmologistes vis-à-vis des opticiens ?
Nous souhaitons avant tout rester dans de bonnes relations et ne pas perdre le contact. Je pense également que les opticiens doivent développer l’aide et le conseil auprès des porteurs en magasin. Souvent, nos patients nous expliquent qu’ils n’ont pas été assez accompagnés dans les consignes de renouvellement et d’entretien de leurs lentilles : très peu d’entre eux, utilisant des solutions multifonction, massent leur lentille le soir au retrait or nous savons que cette étape est nécessaire pour une meilleure efficacité antimicrobienne. Quand nous les voyons en cabinet, ils avouent ne pas lire les notices et ne pas avoir été informés. Nous leur demandons de réaliser les gestes de manipulation et d’hygiène devant nous. Et là, ce n’est pas toujours gagné.
Le rôle de l’information doit passer par l’opticien avant tout car nous n’avons pas toujours le temps de le répéter. C’est également un rôle valorisant pour cette profession et, quand nous sommes sûrs du travail bien fait, nous le reconnaissons auprès de nos patients. Le mode de renouvellement, le temps de validité d’un flacon de produit d’entretien, le nettoyage des étuis..., il faut travailler là-dessus pour rendre une vente plus intéressante et répéter l’information à chaque fois que le porteur vient en magasin. Une valeur ajoutée à apporter, par rapport aux supermarchés ou encore à Internet.
Selon vous, quelles sont les solutions pour arriver à ce résultat ?
Les enseignes font beaucoup de formation autour de l’adaptation mais il faudrait avant tout former au conseil à la vente et développer les réunions entre ophtalmologistes et opticiens. Ce sont des occasions de discuter de sujets et cas pratiques. Dans ma région, les opticiens sont également demandeurs d’une charte locale de bonne conduite entre nos deux professions. C’est intéressant car souvent, ils n’osent pas nous appeler de peur de nous déranger. Au contraire, personnellement je les encourage à le faire car la meilleure arme est dans l’échange. Nous sommes complémentaires et cette complémentarité, quand elle est efficace, est appréciée par le patient qui se sent alors en confiance.