Alors que les députés viennent d'adopter, en première lecture et en séance publique, la proposition de loi Le Roux, Acuité continue de donner la parole aux acteurs de la distribution sur les réseaux des Ocam. Alain Afflelou donne la réplique à Christian Py (président des Opticiens Mutualistes), Yves Guénin (secrétaire général d'Optic 2000) et Laurent Lévy (PDG d'Optical Center), qui se sont prononcés en faveur du conventionnement des opticiens par les complémentaires santé. Il dénonce des « contre-vérités » allant à l'encontre des intérêts de la profession et de l'accès aux soins.
Acuité : Les réseaux prétendent laisser le libre choix au client. Que vous inspirent ces déclarations ?
Alain Afflelou : Elles sont totalement mensongères. Dans le contexte économique actuel qui pèse sur le pouvoir d'achat, il est complètement faux de parler de liberté de choix. Honnêtement, les Français ont-ils vraiment aujourd'hui les moyens de choisir entre des lunettes remboursées et des lunettes non remboursées ?
A : Les complémentaires santé affirment que les réseaux aident à faire baisser le prix des équipements optiques. Que leur répondez-vous ?
A.A. : Encore une autre contre-vérité ! C'est l'inverse. Par exemple, la MGEN rembourse une paire de « lunettes simples » à hauteur de 80 euros hors réseau, contre 130 euros dans son réseau. Mais elle trompe ses adhérents en les en orientant vers les magasins partenaires, puisque dans nos enseignes, nous proposons des équipements unifocaux monture + verres à 79 euros, avec une paire offerte pour 1 euro de plus, donc moins cher que le montant pris en charge dans des points de vente non partenaires. Au final, les réseaux font grimper les dépenses d'optique. Arrêtons de dire qu'ils structurent le marché !
A : Les Ocam assurent également que les appels d'offres visant à constituer les réseaux sont transparents et que la sélection des professionnels s'opère sur des critères équitables. Vous en doutez ?
A.A. : C'est faux. Qu'on m'explique alors pourquoi les magasins Optic 2000 et Optical Center sont surreprésentés dans ces réseaux. C'est bien la preuve que les réseaux sont tout sauf transparents.
A : Mais du côté des enseignes, celles-ci restent libres de décider de leur stratégie...
A.A. : C'est aussi une contre-vérité. Il y a plusieurs années, lors de l'émergence de ce phénomène, toutes les enseignes nationales s'étaient mises d'accord pour dire « non » et demander à leurs opticiens de ne pas répondre aux appels d'offres ou de quitter les réseaux qu'ils avaient déjà intégrés. Certaines n'ont pas respecté cet engagement et ont utilisé les informations que nous avions recueillies pour au contraire développer des accords privilégiés avec des organismes comme Santéclair. Il faut aussi qu'elles cessent d'affirmer que les réseaux sont bénéfiques à l'activité : les opticiens travaillent très bien sans en faire partie.
D'autres acteurs de la distribution ont pris la parole. Lire aussi :
- Laurent Lévy, PDG d'Optical Center : « Les réseaux sont bénéfiques pour le secteur »
- Yves Guénin, secrétaire général d'Optic 2000 : « Les réseaux existent, inutile de les nier »
- « Les réseaux, un partenariat gagnant pour les opticiens, les clients et les Ocam », estime Christian Py, président des Opticiens Mutualistes
- Le Groupe All dénonce les réalités économiques des réseaux et propose des solutions
- Ocam : la CDO conteste l'efficacité des réseaux et dénonce leurs dérives
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