Pendant la Révolution française, au lendemain de la Terreur (1792-1795), un vent de folie souffle sur la jeunesse dorée. A Paris, la mode est aux Incroyables et à leurs compagnes, les Merveilleuses. Ce groupe de jeunes gens, farouches opposants au régime républicain des Jacobins, s’affiche dans des costumes extravagants : leurs redingotes forment des plis dans le dos pour rappeler la silhouette d’un bossu, leurs cravates énormes s’enroulent plusieurs fois autour de leurs cous et remontent jusqu’à leurs mentons. Ajoutez à cela une coiffure grotesque, un langage absurde et surtout une grosse paire de lunettes, laissant présager une myopie prononcée.
Gravure « Modes parisiennes », XIXe siècle © Musée de la Lunette - coll. Essilor-Pierre Marly Photo : Pierre Guénat |
Bien que cet accessoire n’ait été porté qu’une dizaine d’années, le terme de « binocle » a traversé les siècles et est resté dans notre langage pour parler familièrement des lunettes ou péjorativement de leurs porteurs. Les « binocles » - du latin : bini (deux) et oculus (œil) - s’apparentent davantage à des éléments de parure et de provocation, symboles d’une génération contestataire et extravagante, qu’à de réelles orthèses optiques. Ainsi, peu pratique à porter au quotidien, elles pouvaient également se porter en bijou, accroché à une chaîne.
Acuité, en collaboration avec le Musée de la Lunette de Morez, vous propose une sélection exclusive tirée de la collection Essilor-Pierre Marly. Cette série, issue des acquisitions du Musée, vous plonge à l'époque de la Révolution française.