Après « les lunettes trop chères », Le Parisien dénonce « le scandale des prothèses audio ». Dans son édition de ce jour, le quotidien affirme que « les audioprothèses qui coûtent 50€ au départ en Chine sont vendues jusqu'à 3 000€ en France ». Un prix qui expliquerait le sous-équipement des malentendants français, avec six millions de personnes ayant un problème auditif dont un million seulement est équipé. « D'un côté, on pleure misère, comme pour la Sécurité sociale (...). De l'autre, on s'enrichit sans pudeur, comme quelques grands pontes aux honoraires excessifs, des tarifs prohibitifs pour les lunettes, les prothèses dentaires et maintenant, les prothèses auditives, s'insurge Thierry Borsa, directeur des rédactions, dans son édito. Notre système de santé souffre d'une maladie chronique : l'argent ».
Plus 1 000 euros de reste à charge par oreille après remboursement
Ainsi Le Parisien entend répondre à la question : « Pourquoi les prothèses auditives valent de l'or ?». Selon le quotidien, « les études montrent que l'aspect psychologique n'est plus le frein numéro un pour s'équiper. C'est désormais le prix. En moyenne, le « reste à charge », après remboursement de la Sécurité sociale et d'une mutuelle, est de plus de 1 000€ par oreille », souligne-t-il. Rappelons que la somme prise en charge par la Sécurité sociale est de 119€, 350€ pour une mutuelle en moyenne.
Pourtant, le « prix de vente pourrait être bien moindre », note le Parisien qui se serait procuré une étude menée par le cabinet d'expertise Financière de la cité et un contrat d'assurance couvrant un distributeur. Des documents à partir desquels, le journal conclut qu' « il existe un fossé phénoménal entre les coûts de fabrication en Chine... et les prix de vente en France. Près de soixante fois le prix entre les deux ».
Les audioprothésistes accusés de faire des marges colossales
Après les opticiens, c'est donc au tour des audioprothésistes d'être accusés de gonfler les marges. « Déjà, un rapport de la Cour des comptes publié mi-septembre était très critique, et dénonçait des prix opaques et une concurrence entre les principaux producteurs limitée, souligne Le Parisien. Dans le collimateur des magistrats, les fabricants mais surtout ceux qui vendent l'appareil, les audioprothésistes. Impossible de connaître officiellement les marges pratiquées par la profession », condamne le quotidien pour qui « le coût de revient d'une prothèse est très faible. La grande majorité des pièces sont toutes fabriquées dans deux villes chinoises, Xiamen et Shuzu, ou à Singapour ».
Contacté par le journal, Luis Godinho, président de l'Unsaf (Syndicat National des Audioprothésistes), a souhaité mettre en avant le professionnalisme des audioprothésistes. « On vend un service en plus de l'appareil. Le prix comprend le suivi des clients sur cinq ans pour adapter l'appareil en permanence », a-t-il expliqué. Mais selon Sébastien Ramnoux, auteur des deux pages consacrées à ce nouveau « scandale », il est trop tard. « L'Inspection générale des Affaires sociales et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) s'intéressent aussi au sujet. Dans ce contexte une baisse des prix pourrait survenir ».
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