Ils étaient cent, ils étaient des centaines... Acuité a interviewé 5 opticiens qui ont participé aux Journées de la Vision, organisées entre le 14 et 23 octobre par l’Association nationale pour l’amélioration de la vue (Asnav).
Une même campagne pour des profils très différents
La campagne de prévention s’articulait autour de 2 axes : des tests de vue gratuits et des conseils de prévention. Une opération primordiale, compte tenu des conséquences de la crise sanitaire sur la vue des Français. Ces opticiens nous ont raconté le bilan de leurs initiatives.
Certains se sont engagés sur 10 jours, d’autres ont consacré une journée à l’opération. Les profils et les localités varient, mais ils ont en commun une forte mobilisation autour de leur mission de professionnels de la santé visuelle et ont tous vécu de belles expériences.
Marie-Agnès Valentini, optométriste - Optique Valentini à Fougerolles (70) :
« Je me sens concernée par les opérations de prévention et de dépistage et notamment par celles des Journées de la vision. Durant ces 10 journées d’actions, nous avons accueilli une trentaine de personnes, dont beaucoup présentaient de lourdes gênes visuelles. Plus de la moitié des équipements des personnes testées nécessitaient d’être modifiés. Certains ont bénéficié d'un deuxième rendez-vous, afin de faire un bilan plus approfondi. Lors des entretiens, nous avons réalisé des anamnèses, vérifié l’acuité visuelle de loin et de près, la perception des couleurs et effectué des tests de vision binoculaire. Equipée d’appareils non invasifs, notre équipe a pu renvoyer un grand nombre de visiteurs vers un cabinet d’ophtalmologie, parfois en dehors du département. En effet, les gens sont parfois dans l’obligation de fait 150 kilomètres jusqu’à Dijon, pour pouvoir consulter un ophtalmologiste dans un cabinet (faute de créneaux disponibles). C’est particulièrement vrai dans notre département de la Haute-Saône. Les cabinets d’ophtalmologie y sont rares. Nous avons donc un rôle encore plus important à jouer auprès d’un public, qui doit patienter en moyenne 6 mois pour avoir un rendez-vous. »
Alain Le Provost, opticien - Optique Le Provost, à Nantes (44) :
« Je suis ravi que l’Asnav m’ait contacté pour participer à la Semaine de la vision. C’est l’occasion pour tous les opticiens, de s’engager dans une action qui correspond véritablement à notre cœur de métier : la santé visuelle. Habituellement, nous sommes surtout contraints de discuter du prix des équipements et des remboursements. Soucieux de ne pas dépasser un certain plafond financier, le public néglige souvent la question du bien-être visuel. En effectuant des tests visuels gratuitement et en donnant des conseils, nous sensibilisons concrètement les gens et notamment les jeunes. Avec la crise sanitaire et les confinements, l’utilisation accrue des écrans chez les étudiants a eu des conséquences. C’est donc l’occasion de repérer d’éventuelles amétropies et de les orienter auprès d’un ophtalmologiste, lorsque cela s’avère nécessaire. Mais, malgré nos publications sur Facebook, nous n’avons pas eu beaucoup de visites. Même si les résultats ne sont pas à la hauteur de nos espérances, il faut cependant persévérer dans nos efforts et continuer de s’engager, en développant peut-être davantage notre travail de communication.
Thomas Vasseur, opticien - Vision Plus, à Groffliers (62) :
« Nous avons mis en place une journée de tests visuels gratuits, le 14 octobre. C’était la première fois que nous participions à cette campagne, organisée par l’Asnav. Situé au sein d’une maison médicale (centre de santé), notre magasin est un site dans lequel nous faisons déjà beaucoup de prévention, toute l’année. C’était donc le lieu idéal ! Nous avons commencé à communiquer 15 jours avant la journée de tests gratuits, avec une campagne d’affichage et notre page Facebook. Nous avons reçu au total une dizaine de personnes, sur cette unique journée. Un succès que nous expliquons en partie par l’engagement des 25 autres professionnels de santé, de la maison médicale (médecins généralistes, orthoptistes, orthophonistes, ostéopathes, cardiologue…). Ils ont tous encouragé en amont, leurs patients à participer à cette journée de tests et de prévention. Et cela a clairement été pertinent, puisque l’équipement de la moitié des personnes nécessitait une adaptation ou/et une consultation auprès d’un ophtalmologiste. Les journées de la vision montrent surtout aux populations, que les opticiens sont disponibles tout le reste de l’année pour les accompagner. Ils ne doivent pas hésiter à venir nous demander conseils.
Louis Houard, opticien - Iris Optique, à Somain (59) :
« Notre participation aux Journées de la Vision est une très belle occasion de rappeler que notre métier s’exerce dans le contexte de la santé. La profession d’opticien ne se résume pas à celle d’un vendeur de lunettes. Une représentation, malheureusement très ancrée dans l’imaginaire du grand public. Cet événement a augmenté la fréquentation de notre magasin, nous donnant l’opportunité de nous faire connaître et de faire davantage de sensibilisation. Nous avons par exemple donné des conseils sur les bonnes habitudes de vision, alerté sur la fatigue visuelle et les dangers de la surexposition des enfants, aux écrans. Pendant les 10 journées de la campagne de prévention, nous avons reçu au total, une douzaine de personnes. Certains n’avaient jamais consulté d’ophtalmologiste. Pourtant 25% de ceux que nous avons testés, en avaient réellement besoin. D’autres devaient être équipés de lunettes de repos ou adapter leur équipement.
René Serfaty, optométriste au Centre de Vision - Boulogne-Billancourt (92) :
« Je suis très heureux d’avoir participé à cette opération de l’Asnav. Le succès a été tel, que je pense prolonger cette campagne de tests gratuits. J’ai eu énormément de demandes, puisque j’ai reçu 55 personnes, pendant ces 10 jours. J’ai constaté que beaucoup ne disposaient pas d’équipements adaptés. Une partie d’entre eux n’avaient pas vu de professionnels depuis longtemps. Souvent indolores, les pathologies ou problèmes visuels perdurent malheureusement trop longtemps. Les gens nous consultent, lorsqu’ils éprouvent du mal à effectuer leur tâches quotidiennes (coudre, travailler sur l’ordinateur, conduire…). Cette campagne de sensibilisation est donc en accord avec l’optométriste et elle nous permet d’atteindre un public plus large. J’ai d’ailleurs reçu des personnes qui disposaient d’une ordonnance depuis 2 ans mais qui n’avaient pas procédé à l’acquisition de leur équipement. Près de 30% des gens que j’ai pu recevoir ont un problème de vue, non résolu (vision insuffisante ou inconfortable). Cette expérience atteste bien de l’utilité de poursuivre le travail de prévention dans nos magasins.