Mise en place en janvier 2016, dans le cadre de l’Accord National Interprofessionnel (ANI), la complémentaire santé pour tous les salariés ne fait pas que des heureux. Les entreprises ont souvent choisi des contrats couvrant un panier de soins minimum. Conséquence : les assurés sont moins bien pris en charge que lorsqu’ils avaient souscrit un contrat individuel. C’est ce qui ressort du bilan dressé par le cabinet de conseil Mercer auprès des ses 1,3 million d'assurés, dont 70% sont couverts par les nouveaux contrats collectifs responsables*.
En effet, les patients ont connu une baisse de leurs remboursements. Chez Mercer, le montant restant à la charge des assurés pour des honoraires d'hospitalisation est passé de 8,40 euros en 2015 (après prise en charge par la Sécurité sociale et la complémentaire santé), à 16,90 euros en 2016. Pour consulter un médecin spécialiste, le reste à payer a grimpé de 2 euros à 4,60 euros. De plus, le pourcentage d'actes gratuits pour l'assuré a chuté de 5,5 points à l'hôpital (90%) et de 12 points chez un spécialiste (75%).
Une surcomplémentaire proposée dans les entreprises
De fortes disparités sont mises en avant selon la spécialité. Chirurgiens, ophtalmologues, ORL, ou gynécologues figurent parmi les professionnels de secteur 2 ayant le moins signé le contrat d'accès aux soins (CAS), un dispositif inventé fin 2013 qui plafonne les dépassements d’honoraires, explique notre confrère du Figaro. Dans les zones rurales, Mercer note « une faible prévalence du secteur 2 » et « un taux d'adhésion au CAS substantiel », permettant aux habitants de moins ressentir les effets négatifs de la réforme. En revanche, en Ile-de-France par exemple, le coût est de plus en plus cher car « 4 médecins sur 10 (39%) exercent en secteur 2 sans être adhérents au CAS, c'est plus du double de la moyenne nationale », détaille le cabinet. Pour cette raison, « entre 10 et 25% des patients, selon les cas, ont changé de médecin pour aller chez un professionnel moins cher », fait savoir Vincent Harel, directeur adjoint santé et prévoyance chez Mercer France.
Face aux remboursements de base insuffisants, « une surcomplémentaire a été proposée dans plusieurs entreprises, y compris de la grande distribution low-cost », souligne le directeur adjoint. Six salariés sur dix l’ont accepté pour un surcoût moyen de 20€ par mois, selon le Parisien. « La surprise, c'est que ce ne sont pas les cols blancs qui ont souscrit, mais les salariés plus modestes, ceux qui ne peuvent supporter un reste à charge. En voulant favoriser l'accès aux soins, on a créé une nouvelle inégalité face aux remboursements », conclut Vincent Harel.
*Bilan dressé sur la base des actes médicaux facturés au 1,6 million de salariés des 2 000 entreprises françaises que conseille Mercer.