Après la presse nationale (Capital, 60 Millions de Consommateurs, Que Choisir, TF1...), c'est au tour des journaux régionaux de dénoncer l'opacité des tarifs et la fraude aux assurances chez les opticiens. Dans son édition de ce mardi 3 février, le quotidien breton Le Télégramme, qui tire à plus de 200.000 exemplaires, présente dès sa ‘Une' un article intitulé : "Frais d'optique, pas si transparents !". Le journaliste Yves Drévillon y épingle les opticiens, mais aussi les clients, qui "passent la ligne rouge" afin d'ajuster la facture à la prise en charge de la complémentaire santé.
Interrogée par le journal, Marianne Binst, Directrice de Santéclair, déclare que "dans 80% des cas contrôlés" par la plate-forme, "la facture est optimisée pour que le client n'ait rien à débourser". Selon elle, ces optimisations consistent le plus souvent en une surfacturation des verres permettant d'acheter une monture plus coûteuse. Marianne Binst dénonce également les "incitations" de certains opticiens qui orientent les clients vers des verres par exemple traités antireflets, "pas forcément indispensables".
Henri-Pierre Saulnier, Président de l'UDO (Union des Opticiens), rappelle dans le même article qu'il "ne faut pas généraliser" : "les brebis galeuses sont marginales et nous les chassons" déclare-t-il en rappelant la charte de déontologie signée en 2005 par le syndicat, avec la FFSA (Fédération Française des Sociétés d'Assurance). Pour H-P. Saulnier, les consommateurs doivent par ailleurs endosser leur part de responsabilité : "le client réclame souvent la paire qui correspond au maximum du remboursement de la mutuelle ou de l'assurance, est-ce vraiment répréhensible ? L'opticien sait que s'il refuse, il ira voir ailleurs" souligne-t-il.
Au-delà de l'optimisation de facture, Le Télégramme dénonce également les "tromperies sur la marchandise" (verres présentés faussement comme de dernière génération, ou encore d'une autre marque que celle promise) qui concerneraient "15% des factures des 1 300 opticiens partenaires Santéclair". "Ce sont heureusement des cas rares" précise le responsable d'une Mutuelle du Finistère.
Selon le quotidien, Groupama - Bretagne a mené "un travail de fourmi" pour contrôler ces écarts. Sans dévoiler la proportion de fraudes relevées, la complémentaire santé affirme "résilier immédiatement le contrat (de tiers payant, ndlr) avec l'opticien concerné". Rappelant à ses lecteurs que ces abus sont sources d'augmentation des cotisations, Le Télégramme met les porteurs en garde, en leur conseillant de "ne pas acheter aveuglement".