Dans une interview parue le 28 octobre dans le Journal du Dimanche, le ministre de la Santé Marisol Touraine livre son intention de « réguler le prix des lunettes » et de « mieux encadrer leur tarification ». Pour faire baisser leur coût, elle mise aussi sur les réseaux des Ocam. Qu'en pensent vos syndicats ? Acuité a recueilli leurs réactions, qui vont toutes dans le sens de l'ouverture de négociations.
Christian Roméas, président du SynOpe (Syndicat des opticiens sous enseigne) : « en parlant de réguler les tarifs, Marisol Touraine ouvre la porte aux réseaux. C'est pour cela que nous voulons construire intelligemment, en négociant, et essayer de réglementer ces réseaux plutôt que les contrer. J'espère aussi que le ministre ne parle pas ici de tarifs opposables. Pour tout cela, il vaut mieux composer et faire partie du tour de table ».
Alain Gerbel, président de la Fnof (Fédération nationale des opticiens de France) : « Il ne faut pas isoler l'optique d'un contexte général d'accès aux soins. On doit aussi rendre justice aux opticiens pour l'effort qu'ils fournissent envers les bénéficiaires de la CMU, qu'ils équipent à des prix qui n'ont pas bougé depuis 13 ans, et qui représentent 15% des volumes du marché. Je souligne que baisser les tarifs des produits optiques, soumis à une TVA à 19,6%, c'est faire chuter les rentrées fiscales. Comment les compenser ? J'appelle de mes voeux une rencontre rapide avec Marisol Touraine, pour savoir ce qu'elle attend et engager une réflexion globale. Par ailleurs, nous sommes contre la proposition de loi visant à autoriser les mutuelles à pratiquer les remboursements différenciés et allons mettre en place des outils de mobilisation de la profession ».
Christian Py, président du Synom (Syndicat national de l'optique mutualiste) : « Sur le sujet de la régulation des prix des lunettes, le Synom s'y montre favorable et attend de connaître que le cadre des discussions soit clarifié et défini. Nous restons donc en attente des annonces plus précises qui pourront être faites en la matière ».
Henri-Pierre Saulnier, président de l'UDO (Union des opticiens) : « La régulation des prix en optique est une demande forte pour faire baisser le reste à charge. La profession doit évoluer, notamment dans le cadre du système LMD, pour tenir un rôle qui garantisse des prestations de qualité tout en favorisant l'accès aux soins, mais aussi en termes de prix. L'UDO ne cherche pas l'affrontement mais veut ouvrir le dialogue avec les Ocam. La question, c'est de savoir jusqu'à quel niveau l'opticien pourra aller : nous devons garder la possibilité de gérer une entreprise dans des conditions normales ».
Jean-François Marinacce, président du SNOO (Syndicat national des opticiens-optométristes) : « Le ministre veut encadrer le reste à charge et les tarifs. Cela pourrait prendre la forme d'un tarif opposable au-dessus duquel la Sécurité sociale ne rembourserait plus les équipements. Quant aux réseaux, ils sont dans la logique des choses : on ne peut pas contrer des organismes qui prennent en charge plus de la moitié du marché. La solution, c'est la négociation ».
Philippe Verplaeste, président de l'AOF (Association des optométristes de France) : « Cette idée d'encadrer les tarifs était prévisible, au regard des difficultés d'accès aux soins dans notre pays. Je pense qu'une telle régulation pourrait passer par un tarif opposable, auquel je ne suis pas favorable, compte tenu de l'importance des charges des opticiens. Si on ne peut l'éviter, il faut absolument négocier. »
Le ministre s'est également exprimé en faveur de nouvelles délégations de tâches pour les opticiens : pour lire les réactions des représentants de la filière, cliquez ici.
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