A l'occasion de la proposition de loi Le Roux, Yves Guénin, secrétaire général du groupe Optic 2000, livre en exclusivité pour Acuité sa position vis-à-vis des réseaux. Son leitmotiv : nouer des partenariats gagnant-gagnant entre opticiens et Ocam, dans la concertation.
Acuité : Pensez-vous que le débat autour des réseaux mutualistes est justifié ?
Yves Guénin : Le principe des réseaux est le même pour tous. Il s'agit d'abandonner une partie de sa marge en échange d'un flux supplémentaire de clientèle. A partir du moment où ce principe est admis pour les assureurs et les institutions de prévoyance, je ne vois pas pourquoi il n'en serait pas de même pour les mutuelles, qui font le même métier. Ce qui importe, c'est que tout opticien soit libre de candidater à l'un ou l'autre de ces réseaux. Après, c'est une question de choix personnel.
A. : Quelle est votre position vis-à-vis de la colère de nombreux opticiens et d'autres professions de santé contre les réseaux des complémentaires santé ?
Y.G. : Force est de constater que ces réseaux existent, et cette réalité est confirmée par la proposition de loi Le Roux. Pourquoi la nier ? Aujourd'hui, les questions doivent porter sur le contenu de ces conventionnements et l'opportunité de les encadrer. Pour y répondre, il faut une concertation, avec les professionnels, sur les modes de fonctionnement des réseaux. Les produits optiques sont vendus par les opticiens, qui connaissent les produits et les porteurs. Il est essentiel de les associer aux discussions.
A. : Depuis plusieurs années, le groupe Optic 2000 joue la carte du partenariat avec les complémentaires santé. Quel est le bilan de cette stratégie ?
Y.G. : Les chiffres parlent d'eux-mêmes. A fin septembre, le réseau Optic 2000 affichait +1,14% de croissance à périmètre constant, contre un repli de -1,5% pour l'ensemble du marché. Nos franchises Lissac, qui sont des magasins jeunes à fort potentiel, enregistrent sur la même période +6% de CA. C'est la preuve que notre stratégie fonctionne.
A. : Pourtant, plusieurs de vos adhérents, en désaccord avec vos choix en matière de complémentaire santé, ont tombé l'enseigne...
Y.G. : C'est vrai. Mais je constate que le nombre d'opticiens Optic 2000 est toujours en progression. Ceux qui nous ont quitté l'ont fait car ils n'ont pas voulu de notre logiciel PVO, qui renforce notre partenariat avec les Ocam, pas en raison de difficultés financières. C'est leur choix. Mais ceux qui partent sont moins nombreux que ceux qui nous rejoignent.
A. : Selon vous, quel sera l'impact du développement des réseaux sur la filière de santé visuelle ? Va-t-on vers une optique à deux vitesses ?
Y.G. : Contrairement à ce qu'avancent les détracteurs des réseaux, je ne pense pas que ces dispositifs créent une optique à deux vitesses. Au contraire, ils évitent le renoncement aux achats d'équipements optiques. De tels propos sont démagogiques et il ne sert à rien de se mettre derrière ces grands dogmes. Tout est affaire de cotisations : ceux qui payent plus chers ont généralement des garanties plus importantes, ce n'est pas une nouveauté. Et ce ne sont pas les réseaux qui vont aggraver cette réalité. Ce qu'il faut, c'est tenir compte des opticiens, les défendre et refuser les extrémismes dangereux, dans l'un ou l'autre sens. La solution passe par une concertation pour garantir l'équilibre à long terme.
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