Le Dr Etienne Gardea, ophtalmologiste à Rouen (76), est à l'origine de la plateforme Eyeneed, qui met en relation des patients avec les 3 « O » : opticiens, orthoptistes et ophtalmologistes. Pour le moment déployé en Seine-Maritime, le système va s'étendre aux régions touchées par la pénurie de praticiens (Bretagne, Hauts-de-France…).
Son objectif ? Désengorger les salles d'attente des ophtalmologistes surchargés, réduire les délais et, surtout, valoriser les compétences en examen de vue des opticiens. Interrogé par acuite.fr, son fondateur, le Dr Etienne Gardea, nous en dit plus.
Acuité : Comment fonctionne Eyeneed ?
Dr Etienne Gardea : Eyeneed, lancé officiellement en février dernier, est une plateforme en ligne qui permet à des patients d'être orientés selon leurs besoins chez l'ophtalmologiste, l'orthoptiste ou l'opticien.
Pour le patient, la première étape consiste à répondre à une vingtaine de questions (d'une durée de 5 minutes maximum), une pré-consultation médicale sur notre plateforme, pour ensuite être mis en relation vers un des 3 professionnels. En cas de casse, de perte ou de renouvellement avec une ordonnance en cours de validité (3 ans pour les plus de 42 ans et 5 ans pour les patients âgés de 16 à 42 ans), la plateforme le mettra en relation avec un opticien. Pour bénéficier d'une nouvelle prescription, le patient sera dirigé vers un orthoptiste ou un ophtalmologiste selon l'examen.
En cas de pathologie grave, notre secrétaire médicale se chargera elle-même d'obtenir un rendez-vous chez un ophtalmologiste. Mais les prises de rendez-vous « classiques » se font directement via notre site.
A. : En quoi Eyeneed se distingue-elle des autres plateformes de rendez-vous déjà existantes ?
Dr E. G. : Au-delà de la spécialisation dans la santé visuelle, Eyeneed analyse d'abord les besoins avant de proposer un rendez-vous. Cela permet de hiérarchiser les urgences pour, en cas de besoin, solliciter un ophtalmologiste partenaire plus rapidement. Contrairement à Doctolib qui, lorsqu'un praticien n'est pas disponible, ne laisse aucune possibilité de rendez-vous.
L'intégration des opticiens dans le parcours de soins est également une grande avancée par rapport aux autres plateformes. Mais ce n'est pas tout, en tant qu'outil collaboratif, Eyeneed est aussi un support d'échanges entre les 3 « O » avec une messagerie sécurisée. Les données de santé visuelle du patient sont dématérialisées, comme une sorte de dossier médical partagé, ce qui permet aussi de faciliter le transfert des patients d'un professionnel à un autre. A titre d'exemple, si lors d'un contrôle de la vue l'opticien constate un problème, il pourra d'un clic transférer le patient vers un ophtalmologiste.
A. : Votre solution se base donc sur la collaboration entre les 3 « O »…
Dr E. G. : Oui et intègre surtout la télémédecine et l'ensemble des nouveaux protocoles : le RNO qui autorise l'orthoptiste à réaliser un bilan visuel au sein du cabinet en l'absence de l'ophtalmologiste, dans le cadre du renouvellement ou de l'adaptation des corrections optiques, et le protocole Muraine, le premier protocole de coopération en télémédecine au niveau national qui permet de réaliser l'ensemble du bilan visuel au sein d'une structure à distance, puis de télétransmettre les résultats pour interprétation à un ophtalmologiste (lien news La délégation des tâches en cabinet d’ophtalmologie s’accélère).
Equipe d'Eyeneed, de gauche à droite : Enora Guillevin (community manager), Etienne Gardea (ophtalmologiste), Quentin Lefebvre (orthoptiste), Blandine Ait Saïd (secrétaire médicale) et Pierre-Alexandre Poulain (responsable marketing) |
A. : Quel intérêt revêt Eyeneed pour les opticiens ?
Dr E. G. : Une patientèle qui les identifie progressivement comme recours pour réaliser un contrôle de la vue. Nous avons encore de la pédagogie à faire à ce sujet, nous devons encore communiquer sur ces compétences, mais le taux de transformation entre orientation vers l'opticien et la prise effective de rendez-vous est en augmentation.
A. : Quelles sont les conditions du partenariat pour eux ?
Dr E. G. : Eyeneed fonctionne sous forme d'abonnement mensuel. Il faut avoir une salle dédiée à l'examen de vue, être diplômé et adhérer à un guide de bonnes pratiques. Ensuite, l'opticien organise son planning sur la plateforme en fonction de ses disponibilités.
A. : Quels profils d'opticiens sont intéressés par Eyeneed ?
Dr E. G. : La majorité de nos partenaires sont actuellement des indépendants mais nous comptons également quelques franchisés. Pour nous, la seule contrainte est de garantir un équilibre entre les 3 professionnels.
Les français seraient-ils des fainéants ?ils ne veulent pas faire ophtalmologiste!
Tout ça ,pour avoir la clé :la prescription, pour le remboursement .