Comme nous l’annoncions dans notre news du jeudi 29 août, la réforme de la profession et de la formation d’opticien avance à grand pas. Suite à notre publication des éléments clés de la lettre de mission des deux ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur, nous avons interrogé les responsables des 5 syndicats professionnels concernés pour recueillir leurs réactions.
André Balbi, président du Rassemblement des opticiens de France (Rof)
« Les axes de travail indiqués par la lettre de mission des deux ministères correspondent à ce qui avait été annoncé au moment de la signature du protocole d’accord sur le 100 % Santé : la réforme, si elle veut résoudre les difficultés d’accès aux soins, ne doit pas se limiter à la question du reste à charge mais inclure l’organisation de toute la filière visuelle. Montée en compétences de la profession sans création de professions nouvelles, passerelle entre opticiens et orthoptistes : ces points sont cohérents par rapport aux demandes du Rof. La lettre de mission ouvre de surcroît à d’autres délégations de tâches pour les opticiens. Et démontre une volonté d’accélerer le calendrier de ces évolutions des modes d’exercice et de la formation. »
Thierry Bour, président du Syndicat des ophtalmologistes de France (Snof)
« Les contours de la lettre de mission demeurent vagues, puisque nous ne connaissons pas les noms des inspecteurs des services concernés (Igas et Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche). La question des passerelles entre opticiens et orthoptistes n’est pas nouvelle, mais cela nécessite un diplôme en « 2+1 » pour les opticiens. Quant à la pratique avancée, nous attendons de voir. Toutes ces problématiques dépassent le seul champ de la filière visuelle, sachant que beaucoup de choses sont encore en développement avec d’autres professions qui arrivent dans le domaine de la santé (informaticiens, logisticiens, etc.) : tout ne se jouera pas seulement entre les 3 "O". »
Yannick Dyant, président de l’Association des optométristes de France (AOF)
« Nous sommes satisfaits du lancement de cette mission dont l’objectif est de faire évoluer les prérogatives et la formation de la profession. La mise en place d’un diplôme niveau licence, d’un master commun et de la pratique avancée, constitue une véritable avancée et ouvre le champ à de nouvelles pratiques. C’est globalement positif. L’exclusion de la création d’une quatrième profession n’est en soi pas une surprise. »
Alain Gerbel, président de la Fédération nationale des opticiens de France (Fnof)
« Cette lettre de mission reste très vague et impersonnelle. Le gouvernement a fait une promesse et veut s’y tenir. Il s’appuie sur le rapport Voynet de juillet 2015, je m’en félicite. Tout comme de la mention dans cette lettre de mission des passerelles nécessaires entre opticiens et orthoptistes et de la pratique avancée : ce sont des évolutions que la Fédération promeut depuis longtemps. Mais le point fondamental reste le verrou de la prescription et le chemin est encore long sur cette question, compte tenu des problèmes que cela soulève. »
Laurent Milstayn, président du Syndicat national autonome des orthoptistes (SNAO)
« Cette lettre de mission s’appuie sur les conclusions du rapport Voynet et prône l’extension des coopérations interprofessionnelles. Ce qui correspond à la volonté du syndicat : nous souhaitons être les « sages-femmes » de la filière, c’est-à-dire nous voir confier des patients sans pathologie sélectionnés par le médecin au sein de sa patientèle. Le volet formation, crucial pour les orthoptistes, est intéressant également. Pour rappel, notre profession a été réformée en 2014 mais cette réingéniérie n’est pas aussi efficiente que prévu : pas d’unification des formations, pas de respect de la grille imposée et pas de contrôle des pouvoirs publics. »