Des opticiens qui communiquent peu avec les ophtalmologistes et qui ne sont pas assez formés pour améliorer cette confiance…voilà deux enseignements que tire Thierry Bour, président du Snof (syndicat des ophtalmologistes de France) de l’étude* réalisée par le syndicat.
82% des ophtalmologistes reçoivent moins de 11 messages par trimestre de la part d’opticiens qui ont réalisé une adaptation de correction optique.
La majorité de ces messages sont adressés par voie postale (47% des cas), ou par email (39% des cas). Seules 2% des transmissions se font par messagerie sécurisée.
La transmission des modifications par les opticiens sont plus fréquentes dans les zones sous dotées (où le délai d’obtention d’un rendez-vous chez l’ophtalmologiste est supérieur à la moyenne nationale). Thierry Bour explique cela par un renouvellement plus fréquent dans ces zones ou des échanges plus nombreux.
Le Snof estime que les opticiens renouvellent plus de 2 millions d’ordonnances/an, ce qui devrait engendrer 60 messages d’opticiens vers les ophtalmologistes.
De leur côté, 77% des ophtalmologistes affirment noter systématiquement les modifications de l’opticien dans le dossier médical du patient.
Réingénierie du diplôme toujours au programme
Selon cette étude, la majorité des ophtalmologistes estime que les opticiens sont insuffisamment formés pour effectuer des renouvellements, regrettant le manque de formation clinique. Une opinion en forte croissance depuis 2019, et qui est davantage partagée chez les plus jeunes praticiens : 64% des moins de 50 ans et 58% des plus de 50 ans.
Autre élément de cette étude du Snof, au moins 60% des ophtalmologistes estiment que les orthoptistes ne sont pas suffisamment formés pour pouvoir assurer un renouvellement optique.
*Enquête réalisée auprès de 525 ophtalmologistes répartis sur 89 départements, par questionnaire en ligne, du 25 mai au 14 juin 2022.
Cette attitude corporatiste n a pas solutionné la problématique de l accès aux soins.
Comme le souligne Lucie Sauerbrey, je constate également que la faible disponibilité des ophtalmologistes entraine d une part une non réponse aux messages que je leur adresse. D'autre part l usage des plateformes doctolib pour réduire les délais de rdv entraine également un nomadisme des patients.
Confier aux patients la carte de vue de l équipement réalisé est un moyen respectueux du rgpd et de la réglementation en vigueur à propos de l adaptation des ordonnances. C'est également une solution pertinente en attendant le développement de possibilités via "Mon espace santé". Il est à souligner que ce dispositif "mon espace santé" bénéficie d un budget de mise en place conséquent mais essentiellement dirigé vers les médecins montrant la logique toujours pyramidale du système.
Les opticiens peuvent adapter une ordonnance depuis 2007 mais n ont bénéficié d aucune aide ni communication de la sécu pour favoriser ce développement. A l inverse, les centres d ophtalmologie ont eu de nombreuses aides pour développer le travail aidé sans pour autant que cela solutionne l'accès aux soins.
Il serait temps de changer de partition au lieu de freiner encore une fois l'amélioration des coopérations entre professionnels de santé.