Ce mardi soir, le président de la République a consacré 2 heures aux journalistes lors d'une conférence de presse. Il a notamment dressé le portrait du système de santé et les projets à venir.
Doublement de la franchise médicale
« On doit conjurer une forme de fatalité française qui est qu'on consomme trop de médecine, en même temps qu'on a l'une des médecines les plus socialisées du monde, c'est-à-dire que ce n'est pas le consommateur qui la paie mais c'est le contribuable. Se dire qu'on va passer de 50 centimes à 1 euro la boite de médicament, je ne pense pas que ce soit un crime, cela responsabilise. On va faire quelque chose de juste, je crois.
« Dégager du temps aux médecins »
« Nous devons avoir la force et l’énergie d’envisager ce que nous n’envisagions plus, de retrouver de l’audace, faire preuve d'efficacité et briser des tabous, au service des Français.
Nous devons envisager des solutions radicales pour mettre fin au scandale des déserts médicaux. Simplifier les règles venues d’en haut, les adapter au terrain, en dégageant du temps aux médecins, faciliter les coordinations entre médecine de ville et hôpital, mais aussi avec les professions paramédicales, ce qui sera au cœur du mandat de la ministre pour que chaque médecin puisse voir plus de patients. Mais aussi régulariser le nombre de médecins étrangers qui tiennent parfois à bout de bras nos services de soins ».
Emmanuel Macron lors de la conférence de presse du 16 janvier 2024
« C’est pas compliqué : on a un problème »
« On a aujourd’hui environ 100 000 médecins généralistes. On en a perdu 6 000 en 10 ans. Malgré ma décision de rouvrir le numerus clausus pour avoir plus de places, on met 10 ans à former des médecins. On a environ 25% à 30% de nos médecins généralistes qui ont plus de 60 ans. C’est pas compliqué : on a un problème. En plus de cela, la population vieillit et a de plus en plus de maladies chroniques. Le problème est simple, et il aurait dû être anticipé il y a 15, 20, 30 ans ».
Délégation de tâches
« Pour les 5-7 prochaines années, le seul moyen c’est d’organiser différemment les choses ».
Emmanuel Macron s'est dit défavorable à contraindre à l’installation des médecins. « En revanche, il y a une révolution de l’organisation à faire ».
Il suggère :
- Une rémunération plus intelligente : au patient, plutôt qu’à l’acte. Cela inciterait à la prévention ;
- Une meilleure coordination entre la médecine de ville et l’hôpital ;
- Une délégation des actes, comme avec la téléconsultation qui permet de libérer du temps médical et de lutter contre les déserts médicaux.
Mais aussi permettre des vaccinations, le renouvellement des ordonnances… déléguer des actes à des paramédicaux ce qui permet aux médecins de prendre en charge plus de patients. Il a évoqué le développement des maisons de santé, la multiplication des assistants médicaux pour mieux organiser l’accès aux soins, et débureaucratiser la santé. Selon lui, la solution est sur le terrain.
Réguler la consommation d'écrans chez les plus jeunes
« La consommation d'écrans est devenue un sujet à part entière. Ça commence très jeune. Avant 6 ans, de nombreux enfants ont une exposition régulière. Les jeunes ont accès à l'information, au savoir, à l'actualité, uniquement à travers un écran. Passer du temps sur un écran a un impact sur le développement affectif, sensoriel, cognitif d'un enfant ».
Rapport à la réalité, hiérarchisation de l'information et complotisme, souffrances liées au harcèlement, exposition à la pornographie... « Ces dernières années, on a défini la majorité numérique à 15 ans au niveau européen, on a défini une responsabilité pour les diffuseurs de contenus, on a interdit le téléphone au collège, on a mis en place un contrôle parental sur les téléphones.[...] Une commission a vu le jour et va rendre ses conclusions fin mars : elle permettra d'établir un consensus scientifique pour éclairer le débat public. Il y aura peut-être des interdictions, il y aura peut-être des restrictions, y compris sur les contenus ».
5 ministres de la Santé en 2 ans
Lorsqu'une journaliste pose la question : « Un ministère aussi important que la Santé peut-il se permettre 5 ministres en 2 ans ? », le président de la République répond :
« Les ministres, c'est la vie politique. Ce qui compte, c’est que le cap et la feuille de route ne changent pas. Ils n’ont pas changé d’un iota. Et l’investissement est là. Mieux vaut cela plutôt qu’1 seul ministre sans investissements et sans cap ».
Pour ça pas de secret faut s'attaquer à la racine du problème. Pourquoi y a t-il une crise des vocations ? Faut aller au fond du truc. Valoriser la santé en évitant de dégrader l'hôpital public et en organisant la société dans ce sens est la solution principale. En arrêtant pas de faire des coupes budgétaires, des économies sur le dos des domaines les plus importants de la société (comme la justice, l'école et la santé) faut pas s'étonner que personne veuille aller là dedans après. Quelle priorité on donne aux choses ? Déléguer oui ça peut améliorer les choses mais dans ce cas faut aussi revoir la formation des paramédicaux car tout le monde n'est pas sérieux dans ce domaine, le paramédical est soumis à des phénomènes de business de plus en plus prononcés. Donc soit on met tout au niveau du libéralisme et on compte sur la concurrence pour réguler les pratiques et obtenir de la qualité. Mais soumettre la santé au business c'est risqué, on l'a déjà constaté aussi bien sur la qualité générale des prestations que sur l'accès aux soins. Ou alors on valorise la santé en investissant dedans et en revoyant les formations, ce qui incitera davantage à faire ces métiers et qui ne découragera pas le peu qui veulent encore les faire.