Thierry Calderon, gérant de 9 magasins (8 Krys, 1 You Do) à Avignon (84) et environs, 60 collaborateurs.
« Lorsque le Sidol m'a annoncé que je faisais partie des 6 opticiens selectionnés pour devenir opticien de l'année, j'ai été agréablement surpris », nous raconte Thierry Calderon il y a quelques jours, alors qu'il revenait tout juste d'une mission de santé visuelle au Sénégal. « D'ailleurs, quand bien même je ne suis pas élu, c'est déjà une belle reconnaissance pour toutes mes équipes ».
À 55 ans, Thierry Calderon a passé toute sa vie en magasin. D'abord salarié en Lorraine une fois diplômé de l'école de Morez en 1990, puis propriétaire en 2000 avec le rachat d'un magasin à Avignon, suivi d'Arles et d'Aix-en-Provence. Il est aujourd'hui à la tête de 9 magasins, dont un You Do de 200m2 et un Krys de 280m2.
Prioriser les clients
Parmi ses 60 collaborateurs, 80% sont opticiens. Il y a bientôt 2 ans, il a restructuré le fonctionnement de ses magasins pour donner la priorité aux clients et aux compétences de ses opticiens.
« On s’est rendu compte qu’on demandait beaucoup de choses à nos opticiens, à la fois de s'occuper de la santé visuelle et de tout ce qu'elle peut permettre (contactologie, lunettes de sport, examens de vue, etc), tout en s’occupant de la partie administrative, du tiers-payant, des PEC, mais aussi de l’atelier, de l’étiquetage…
Nous avons changé notre organisation en centralisant tout ce qui pouvait l'être : les commandes aux fournisseurs, l'étiquetage, le TP, les montages... 3 personnes s'y consacrent et libèrent un temps précieux au reste des équipes qui peuvent se consacrer aux clients. C'est très bénéfique pour tout le monde ».
Réunion d'information entre opticiens, ophtalmologistes, orthoptistes et pédiatres du même territoire
Valoriser la santé visuelle sur le territoire
Thierry Calderon a fait de l'ancrage territorial une force. D'abord envers ses clients, mais aussi envers les autres professionnels de santé de sa zone.
« Nous avons organisé en mars 2024 un grand événement axé sur la freination de la myopie. Opticiens, ophtalmologistes, orthoptistes et même pédiatres ont participé, soit plus de 70 professionnels de la santé, en présence du Pr Leveziel. Des fournisseurs de solutions de freination ont également été invités pour expliquer en détail le fonctionnement de leurs produits. C'était très enrichissant pour tous les participants, et je recommande vivement d'organiser des rencontres de ce type sur tout le territoire. Nous avons déjà prévu une autre rencontre, cette fois-ci sur le thème de la sécheresse oculaire ».
S'ouvrir vers d'autres horizons
Si Thierry Calderon fait preuve de nombreuses initiatives tant en matière d'impact environnemental (collecte de montures usagées, seconde vie, utilisation de vélos cargo...) que sociétal (participation à Octobre Rose, défis sportifs pour la recherche contre le cancer...), l'une d'entre elle lui tient particulièrement à coeur.
Depuis quelques années, ses équipes et lui-même se rendent tous les 2 mois à Matam, un village reculé du Sénégal proche de la Mauritanie, où ils ont créé un centre optique, acheminé du matériel de réfraction et formé du personnel sur place. Grâce à Codir qui leur fournit des équipements neufs, des dizaines d'enfants et d'adultes ont pu bénéficier de lunettes adaptées à leur vue, bien que les besoins ne soient pas les mêmes qu'en France. « On rencontre beaucoup moins d'enfants myopes, mais lorsqu'ils le sont ce sont des myopies pathologiques très fortes. On croise surtout des hypermétropes, et encore davantage de forts astigmates ».
Dépistage, formation et délivrance d'équipements dans le centre optique au Sénégal créé par les équipes de Thierry Calderon, en partenariat avec l'association Voir la Vie
La confiance au centre de l'activité
Pour Thierry Calderon, l'activité d'un opticien ne peut s'épanouir que si la confiance règne, à tous les niveaux. « La confiance ne se décrète pas, elle se mérite. Nous devons gagner la confiance des autres acteurs de la filière de la santé visuelle, notamment les ophtalmologistes et les orthoptistes, en formant des opticiens à des compétences complémentaires, et en adoptant une éthique exemplaire.
Nous devons mériter la confiance de nos équipes, en leur offrant un environnement de travail socialement juste.
Obtenir la confiance de nos fournisseurs est tout aussi crucial, car ils comptent sur nous pour promouvoir des produits toujours plus innovants.
Enfin, nous devons mériter la confiance de nos clients grâce à un professionnalisme et à une déontologie irréprochables ».
Olivier Pétillon.