Connue et réputée en France comme à l’international, la Maison Meyrowitz a fêté hier soir, 10 décembre, ses 140 ans en présence de ses clients. Fondée en 1875 par Emil Bruno Meyrowitz, l’entreprise est aujourd’hui l’une des plus anciennes maisons de lunettes au monde. Avec son 4ème propriétaire, Jacques Seiller qui l'a rachetée il y a 30 ans, elle assure une constante et une continuité appréciée de la clientèle. Portrait de cette véritable institution avec Jean-Manuel Finot, directeur général.
Acuité : Quelles sont les origines de la Maison Meyrowitz et de son magasin parisien ?
Jean-Manuel Finot : En 1875, Emil Meyrowitz, né en Prusse (Pologne aujourd'hui, ndlr), débute comme marchand ambulant de lunettes dans les rues de New-York. Il y ouvre sa première boutique en 1880 à Albany. Sa réussite le pousse à aller à la conquête de Londres et de Paris. Le premier magasin de la capitale était d’abord situé dans le IXe arrondissement, rue scribe, avant d’être déménagé en 1922 au 5 rue de Castiglione dans le Ier.
A : Votre point de vente est atypique, qu’est-ce qui fait son charme ?
JM. F. : Son authenticité et son caractère. Sur une centaine de mètres carrés, nous avons conservé les boiseries en acajou de Cuba, les grandes horloges ou encore le grand escalier en fer forgé. Ce sont d’incroyables atouts. Une belle boutique, c’est déjà un bon point. Nous avons d’ailleurs souvent des touristes chinois ou japonais qui poussent la porte pour faire quelques photos de l’intérieur. L’esthétique plait énormément.
A : Quel est sa particularité et son positionnement ?
JM. F. : Nos mots d’ordre sont la continuité et la fidélité avec un positionnement simple : « faire de notre mieux en fonction du délai, des souhaits et des besoins du porteur ». Un client fidèle est avant tout un client satisfait. Le produit le plus cher n’est pas forcément le meilleur ou le plus beau. Il faut qu’il corresponde aux attentes et à l’utilisation que le porteur en fait. Il y a tellement de paramètres dans la vie d’une paire de lunettes et de son porteur.
A : A quel type de clientèle vous adressez-vous ?
JM. F. : Nous avons la chance de ne pas connaître la problématique du reste à charge ou du tiers payant. Pour autant, notre clientèle est variée, ce qui est un plaisir chaque jour. Nous avons toute une partie du monde des affaires et des « people » ou des princes étrangers. En parallèle, de Paris et de la France entière, les porteurs viennent réaliser leur rêve de lunettes.
A : Quelles sont les clefs de cette réussite ?
JM. F. : Le cadre et notre notoriété internationale bien sûr, mais aussi l’absence de turn-over au sein du magasin. Nous sommes une équipe de 8 collaborateurs avec deux techniciens à plein temps en atelier. Nos compétences et nos expériences sont diverses pour une bonne maîtrise du produit mais nous comptons sur une forte implication de chacun dans l’entreprise. Notre chef d’atelier travaille ici depuis 30 ans et, pour ma part, cela fait 25 ans. L’équipe doit s’investir dans le temps ce qui permet de mieux connaître ses clients.
Aussi, nos collaborateurs sont tous au moins diplômés du BTS OL. Et nous accordons une grande importance à la formation continue pour mettre à jour les connaissances. L’entreprise faire les efforts financiers nécessaires, en retour les salariés s’investissent.
Jean-Manuel Finot et Laurent Decourteix |
A : 140 ans de succès, ça se fête ! Comment avez-vous célébré l’évènement ?
JM. F. : Nous avons organisé une grande soirée d’anniversaire. 120 clients et amis sont venus écouter l'histoire de la maison, brillamment documentée et relatée par Laurent Decourteix, opticien-optométriste . Nous avons créé pour l'occasion, une exposition éphémère. Sont notamment à découvrir jusqu’à samedi :
- Des lunettes de 1850 identiques à celles du Roi Louis-Philippe Ier
- Une monture Chinoise semblable à celle portée par Puyi, dernier empereur de Chine
- Les lunettes en écaille ou en ivoire datant du début du XXe siècle
- Les authentiques Goggles Meyrowitz des années 1910-1920
- Les Lunettes Persol et Ted Lapidus des années 70
- Les lunettes de personnalités ayant été clientes de la maison à travers celles de Claude Monet aux verres bleus, de Marcel Achard des années 50 et d’Henri Salvador des années 80.
A : Ce sont des pièces exceptionnelles...
JM. F. : Oui, et elles ont fait l’histoire de la Maison. Pour que tout le monde puisse en profiter, nous allons aménager notre sous-sol en « musée » de la lunette ouvert au public. D'autres pièces sont dans la collection de Monsieur Jean-Pierre Bonnac, exposée au Musée de Morez.
A : Et à l’avenir, quels sont vos projets ?
JM. F. : Nous valorisons tradition et innovation, combinons passé et futur, en travaillant sur des évolutions d’anciennes pièces et de nouveaux projets techniques. Objectif : continuer à faire de belles, élégantes et confortables lunettes. En plus, des réalisations sur mesure, en écaille de tortue, en corne de buffle, en Or 18 carats, en acétate de coton, ainsi qu'une large gamme de marques prestigieuses, nous continuons de développer la marque maison « Vintage Spirit », qui devrait s’ouvrir à la distribution courant 2016.
Collection « Vintage Spirit » de la la Maison Meyrowitz |