Sommes-nous face à une révolution des tests d'acuité ? C'est la question que soulève une nouvelle application sur Smartphone, baptisée Peek Vision. Celle-ci offre essentiellement trois possibilités : scanner le cristallin pour déceler les cataractes, première cause de cécité dans les pays à revenu faible et intermédiaire, en comparant une prise de vue de l'oeil avec des formes de cataracte. Elle permet aussi de contrôler la rétine en attachant une pièce permettant de scanner le fond de l'oeil et en effectuant un flash avec l'appareil photo du mobile. Enfin, Peek peut être employée pour réaliser des contrôles de l'acuité visuelle et de la perception des couleurs. Après examen, les données du patient, ainsi que ses coordonnées GPS sont enregistrées sur le mobile et peuvent être expédié au praticien le plus proche.

Cette application a été développée par les ophtalmologistes Andrew Bastawrous et Iain Livingstone ainsi que par Mario Giardini, spécialisé dans la technologie médicale de pointe. Pour l'instant, elle en est encore au stade expérimental. Environ 5 000 essais ont été effectués au Kenya et sont actuellement comparés avec des résultats de tests visuels réalisés avec des outils conventionnels au Moorsfield's Eye Hospital de Londres. En attendant, 1 000 patients testés auraient d'ores et déjà été traités suite à un examen avec Peek Vision, selon l'équipe de chercheurs qui l'a mis au point.

Une solution mobile à prix réduit

Si l'application devait être considérée comme donnant des résultats probants, c'est une véritable révolution qui pourrait voir le jour. Rappelons que dans le monde, les défauts de réfraction non corrigés représentent la principale cause de déficience visuelle. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), aujourd'hui 285 millions de personnes sont déficientes visuellement, 246 millions d'entre elles le sont à cause d'une baisse de leur acuité et 90% vivent dans des pays pauvres. Une donnée clé, dans la mesure où la vision conditionne l'accès à la lecture et donc à l'éducation.

Or le coût du Smartphone requérant l'application est faible : environ 350 euros contre près de 120 000 euros pour un équipement standard. Mobile, cette solution permettrait d'atteindre les populations les plus éloignées des centres hospitaliers. Mieux : contrairement à la plupart des outils traditionnels, il ne semble pas que l'application soit difficile à assimiler.
Ses créateurs précisent cependant que Peek n'est pas conçue pour effectuer un autodiagnostic : malgré la possibilité d'utiliser certaines fonctions de l'application à cette fin, ils indiquent explicitement qu'elle ne remplace pas un examen de la vue effectué par un professionnel de santé.

Toutefois, sachant que 80% des cas de cécité actuels sont évitables, Peek Vision pourrait bien être, dans les régions défavorisées, voire même chez nous pour les ophtalmologistes de demain, un outil qui sauve des vues... et change des vies !



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