Lors d'une conférence de presse vendredi 28 janvier 2022, 2 ophtalmologistes de l'Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild, le Pr Ramin Tadayoni et le Dr Gilles Martin ont tiré la sonnette d'alarme face aux risques d'une « épidémie sans virus et sans contagion. »
Création d'un Institut de la myopie pathologique
Les ophtalmologistes entendent sensibiliser et informer les Français sur ce problème majeur de santé publique. Comment ? En créant en 2023, sous la responsabilité du Pr Ramin Tadayoni, chef de service d'ophtalmologie à l'Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild, le premier Institut français de la myopie.
Ce centre, dédié à la prise en charge médicale, à la recherche, à la prévention et à la formation sur cette pathologie, sera comparable à ceux créés en Asie à Singapour et Shanghai. « Malgré l’existence de traitements et surtout de mesures préventives (allant de l’exposition suffisante des enfants à la lumière du jour à des collyres et dispositifs optiques spécifiques), aucune mesure à la hauteur de ce que les pays asiatiques déploient actuellement n’est évaluée ni mise en place en France à ce jour. Il est important de se saisir sans tarder du sujet », a souligné le Pr Ramin Tadayoni.
Pr Ramin Tadayoni, chef de service en ophtalmologie à l'Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild
Dr Gilles Martin, Ophtalmologiste à l’Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild
Absence d’étude épidémiologique et de programme de prévention
Cet ophtalmologiste déplore un déficit d'études scientifiques en Europe (en comparaison avec l'Asie) entraînant une méconnaissance de cette maladie et l'absence d'un programme national de prévention ou de sensibilisation. « La population n’est pas assez informée sur les mesures à prendre. Cet Institut de la myopie pathologique devra être en capacité de répondre à un enjeu de santé publique par l’empowerment* des patients, des professionnels et des institutionnels », ajoute-t-il.
En complément de ces dispositifs hospitalo-universitaires, cet Institut abritera aussi la présence de l’association de patients Myopia
En chiffres
Traitée à de nombreuses reprises dans nos news, l'épidémie de myopie devrait affecter près de 5 milliards de personnes en 2050, soit la moitié de la population mondiale. 10 à 20% souffriront des formes graves pouvant aller jusqu’à la cécité.
Déjà aujourd'hui, les chiffres sont éloquents : 40% de la population est myope (26,8 millions de personnes en France), avec 5 à 10% de myopes forts (au-delà de 6 dioptries, ndlr). Ces 2 proportions sont en augmentation et il y a de plus en plus d'enfants myopes en raison de la surexposition aux écrans et du manque de temps passé en extérieur.
* L'empowerment, ou autonomisation,est un processus par lequel le patient renforce sa capacité à prendre effectivement soin de lui-même et de sa santé, et pas seulement de sa maladie et de son traitement.
À notre connaissance, il n'y a pas d'études nouvelles en France qui montre qu'une surexposition aux écrans engendre la myopie.
Cependant, des actions se mettent en place autour des dangers des écrans et de la prévention auprès des enfants. Si l'info vous a échappé, nous vous invitons à lire la News :
Professionnels, politiques, associations, tous engagés face aux écrans parue le 28 janvier
Le détail n'est pas encore finalisé étant donné que l'institut de la myopie sera créé en 2023.