Dans le cadre du plan stratégique d'Atol les Opticiens d'ici 2020 présenté récemment, la coopérative se prépare à lancer d'ici 3 ou 4 ans, quatre nouvelles catégories de services autour de la lunette intelligente. Eric Plat, PDG d'Atol détaille pour acuite.fr les différentes orientations.
Acuité : Après le lancement des lunettes connectées Téou d'Atol fin août 2015, comment allez-vous explorer davantage ce marché ?
Eric Plat : Nous allons abandonner le concept de la lunette connectée au profit de la Smart Glass, la lunette intelligente. Notre objectif est d’apporter des services pertinents et répondre aux nouveaux besoins des porteurs. L'expérience très enrichissante avec Téou nous a conforté dans cette décision et nous permet d'aller plus loin.
A. Quels seront les nouveaux services ?
E.P : Nous avons défini 4 grandes orientations. La première, Senior Care, nous pousse à réfléchir aux enjeux majeurs que sont la dépendance liée à la maladie d’Alzheimer, à la DMLA et les conséquences qui en découlent en terme de chute ou de perte de repères, pour les personnes atteintes de ces maladies. Deuxième axe, Home Care qui vise à simplifier l'utilisation des nombreux appareils connectés présents dans nos maisons. Nous souhaitons par exemple que nos clients n'aient plus besoin de taper un code pour empêcher le déclenchement de leur alarme lorsqu'ils rentrent chez eux, grâce à leurs lunettes connectées. Autre service, le Junior Care, pour les jeunes de plus en plus touchés par la myopie. 2 raisons : l'usage intensif des écrans et la sédentarisation. Un manque de protection des UV agit sur le métabolisme de l'œil, le fait grossir et entraîne des myopies. Avec Drive Care, d'autres applications sont en cours de développement, notamment un système pour détecter la fatigue au volant grâce à l'analyse d'une série de paramètres physiques. Nous travaillons sur les lunettes intelligentes pour apporter d'ici 3 ou 4 ans de nouveaux services et créer un nouveau marché pour nos opticiens partenaires.
A. C'est une nouvelle approche, presque un nouveau métier pour les opticiens ?
E. P : Les professionnels doivent mieux appréhender ces nouvelles technologies pour ensuite les proposer. Et nous avons prévu de les former grâce à deux modules e-learning. Déjà 1000 confrères se sont inscrits. Nous allons affiner cette démarche pour les former dans le cadre du DPC (ndlr : Développement Professionnel Continu) et notre plan stratégique d'ici 2020. Plus concrètement, les modules durent 2 heures et sont scindés en petites séquences vidéo de 5-10 min assorties de petits quizz.
A. Avez-vous mis en place une équipe interne dédiée à ce projet ?
E. P : Oui, nous avons d'ailleurs recruté récemment un directeur des projets stratégiques, ingénieur centralien qui renforce notre centre de R&D à Beaune (21). Aussi, un ingénieur électronicien est en charge du développement des prochaines lunettes intelligentes et un ingénieur en lien avec les usines de montures partenaires dans le Jura. Le rôle des équipes est de définir les besoins et de réaliser le cahier des charges. Nous faisons appel à des start-up française de façon à agréger les technologies.
Jonathan Perez, Responsable innovation et nouvelles technologies d’Atol |
A. La coopérative a-t-elle les moyens de financer de telles recherches ?
E.P : Nous allons créer une start-up, une société à part dans laquelle Atol sera actionnaire. Nous sommes en train de mettre en place nos plans de développement que nous allons présenter à des clubs de Business Angels.
A. Vous n'avez pas peur de la concurrence d'entités puissantes comme Google ?
E. P : Pas du tout. Google a une autre approche et les Google Glass ne répondent pas à notre objectif en tant qu'opticien. Principale inconvénient : la position de l'écran qui risque d'affecter le champ de vision de l'utilisateur. On peut donc craindre que ces lunettes ne gênent la vision périphérique, pourtant essentielle aux activités quotidiennes, comme la conduite.
Le challenge est motivant. Réinventer l'optique de demain, créer de nouveaux espaces stratégiques, être disruptif, à l'instar de ce que préconisent W. Chan Kim et Renée Mauborgne dans leur ouvrage « Blue Ocean Strategy ». Nous y mettons notre touche, redonner envie aux opticiens grâce aux nouvelles technologies.