En septembre, les deux géants des réseaux sociaux Snap et Meta vont présenter de nouveaux modèles de ce qu'ils considèrent comme la prochaine technologie qui remplacera les montres connectées et en partie les smartphones : les lunettes de réalité augmentée (AR).
Selon The Verge, Evan Spiegel, PDG de Snap présentera la cinquième génération de Spectacles - 7 ans après la 1ère version - le 17 septembre lors de son sommet annuel des partenaires à Los Angeles.
La semaine suivante, le 25 septembre, ce sera au tour de Mark Zuckerberg de dévoiler les premières lunettes AR de Meta dont le nom de code est Orion, lors de sa conférence Connect à Menlo Park.
Ces lunettes de réalité augmentée seraient, selon Andrew Bosworth, le directeur technique de Meta, « la technologie la plus avancée au monde dans son domaine ».
On peut d'ores et déjà imaginer que ces lunettes « Orion » intègreront les dernières avancées de Meta en terme d'intelligence artificielle. Elles pourraient également bénéficier du partenariat avec EssilorLuxottica, comme les Ray-Ban Meta.
Une course contre la montre
Bien que Meta et Snap suivent des approches différentes dans le développement de leurs lunettes AR, tous deux sont confrontés au même défi : la technologie n'est pas encore prête pour une commercialisation généralisée.
Par conséquent, aucune des deux sociétés n'a l'intention de rendre disponible au grand public les lunettes qu'elles présenteront le mois prochain.
Snap répétera sa stratégie de 2021 en distribuant son modèle amélioré de Spectacles à un nombre restreint de développeurs et de partenaires. La société produirait moins de 10 000 unités, tandis que Meta fabriquerait encore moins de ses lunettes Orion.
Cette rivalité entre Snap, Meta, et d'autres géants du numérique (comme Google) dans le domaine des lunettes AR souligne l'enjeu stratégique que représente cette technologie. Si elle parvient à s'imposer, elle pourrait révolutionner la façon dont nous interagissons avec le monde numérique, mais aussi et surtout le rapport que nous entretenons avec les lunettes.
Ces lunettes qui rentrent dans la catégorie wearables pourraient se démocratiser et passer par différents canaux de distribution (vente libre, vente électronique, etc) comme l'a récemment suggéré Francesco Milleri au sujet de Nuance, président et directeur général d’EssilorLuxottica.
Un risque pour notre métier ?
Ce basculement possible vers la lunette technologique pourrait entraîner une modification des attentes, ainsi que les comportements des clients :
- Les géants du numérique pourraient mettre l'accent sur les fonctionnalités connectées et la réalité augmentée, reléguant au second plan les aspects optiques traditionnels. Apple propose déjà des inserts adaptés à la prescription en partenariat avec Zeiss pour son casque Vision Pro ;
- Une nouvelle concurrence pourrait voir le jour : les grandes marques pourraient vendre directement leurs produits au consommateur ;
- Les lunettes connectées pourraient attirer une clientèle plus jeune et technophile, potentiellement moins attachée aux conseils personnalisés d'un opticien ;
- Ces lunettes pourraient être intégrées dans des écosystèmes plus larges (téléphones, assistants vocaux), renforçant la dépendance des clients envers ces géants du numérique ;
- Les lunettes connectées pourraient à terme remplacer d'autres appareils (smartphones, montres connectées), modifiant les habitudes de consommation et les attentes des clients.
Mais rien ne dit que ces technologies bouleverseront durablement le coeur du métier d'opticien.
Rappelons-nous qu'à l'aube de la vente sur internet, beaucoup d'opticiens s'inquiétaient de ne plus voir de clients en magasin et que in fine, les grandes entreprises ayant misées exclusivement sur la vente en ligne sont toujours en recherche de rentabilité, comme c'est le cas aujourd'hui de l'américain Warby Parker dont le chiffre d'affaires se développe grâce aux magasins physiques, ou encore du pure player allemand Mister Spex qui a ouvert des points de vente en Allemagne.