Une récente enquête de l'Irdes (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) sur l'état de santé des bénéficiaires de la CMU-C revèle un sous-équipement de ces personnes en ce qui concerne l'optique. En effet, 43% d'entre eux déclarent porter des lunettes ou des lentilles, contre 51% des Français en général. Et ce, alors même que la prévalence des troubles de la vue est comparable dans les deux populations.
En outre, 9% des bénéficiaires de la CMU-C ont consulté un ophtalmologiste dans les 12 derniers mois, contre 15% des non-bénéficiaires. Pour l'Irdes, ces écarts sont significatifs et peuvent « s'expliquer par un renoncement aux soins en lien avec le statut précaire et l'histoire bénéficiant de la CMU-C, ou être induit par une offre de soins non adaptée, ce qui témoigne des difficultés d'accès malgré la gratuité théorique de ces soins ».
Une révision du panier actuel pour intégrer les amincissements
Ces résultats sont en phase avec ceux publiés le mois dernier par le Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie) pour la Cnam-TS sur l'accès aux soins optiques des bénéficiaires de la CMU-C : cette étude montre que 38% d'entre eux ont du s'acquitter d'un reste à charge (de 165 euros en moyenne) lors de leur dernier achat de lunettes, car l'offre proposée par leur opticien dans le cadre de la CMU-C ne leur convenait pas. Ce surcoût, notamment généré par les traitements des verres (ils choisissent des amincis ou des durcis), peut pousser certains à renoncer ou à reporter la correction de leur vision. Le rapport annuel du Fonds CMU, publié hier 7 mars, souligne les mêmes problématiques. « L'ensemble des professionnels consultés ont pointé l'insuffisance du panier CMU-C actuel qui n'intègre pas les coûts liés à l'amincissement des verres pour les plus fortes corrections. En effet, les verres épais sont particulièrement inconfortables, ce qui ne permet pas de porter les lunettes en permanence, là où les personnes ne peuvent justement pas effectuer les actes de la vie courante sans lunettes, et stigmatisants de part leur effet loupe », souligne-t-il. Il plaide ainsi pour une « révision des forfaits actuels pour offrir des verres amincis pour les plus fortes corrections ». Cette révision s'appliquerait à l'intérieur du panier de soins pour les adultes et viendrait s'ajouter à la prise en charge actuelle sur la base de la LPP pour les enfants, diminuant ainsi le montant du reste à charge pour les bénéficiaires de la CMU-C.
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