Nous avons interviewé un opticien installé à Milan depuis 1995 et le directeur général d’Essilor Italie pour faire le point sur la situation inédite que traverse l'Italie et ses conséquences sur tout le secteur optique du pays.
Avec plus de 10 000 cas et 631 décès mardi 10 mars, l’Italie est le pays européen le plus touché par l’épidémie de coronavirus. L’ensemble de la Péninsule a été déclarée en tout début de semaine « zone rouge » avec une généralisation à toutes les provinces des mesures de confinement jusqu’au 3 avril. De leur côté, les autorités de santé provinciales de Lombardie ont demandé au gouvernement italien de fermer tous les commerces, à l’exception des commerces alimentaires, pharmacies. Une décision qui devrait intervenir dans les heures qui viennent et impacterait lourdement l’activité de vos confrères et consoeurs italiens.
Olivier Rachelli, Ottica DMZ, Milan
« Depuis début mars, j’enregistre une baisse de CA de l’ordre de -10, -15%. Et l’activité est très ralentie, surtout depuis lundi. J’ai pris les mesures de précaution indispensables : accès contingenté au magasin, port de gants et masque pour livrer les lunettes, respect d’une distance de sécurité avec mes clients, arrêt de la pose de lentilles et prise de mesure avec vidéo-centrage. Mais tout s’est accéléré depuis le week-end dernier : Milan et la Lombardie ont été placés en quarantaine. Et les responsables provinciaux de la Santé ont demandé au gouvernement de décider très prochainement une fermeture des magasins sauf la distribution alimentaire et pharmacie. Ces mesures sont destinées à éviter que les hôpitaux soient débordés, sachant que 70% des cas d’infection au virus se concentrent en Lombardie. Au niveau de la profession, notre association Federottica espère que nous serons reconnus comme activité nécessaire à la collectivité pour ne pas être touchés par cette mesure. Mais tout va se jouer entre mercredi et jeudi. »
Olivier Racchelli
Marco Caccini, directeur général Essilor Italie
« La semaine à venir s’annonce très compliquée. Probablement, le gouvernement va décider la fermeture de toutes les commerces (hors alimentaires et pharmacies). C’est une demande des autorités lombardes pour limiter la propagation du virus et la surchauffe dans les hôpitaux. Certains opticiens qui emploient une quinzaine de salariés ont déjà décidé de fermer pour 2 semaines autant pour des raisons économiques (baisse drastique du trafic) que sanitaires. Dès la fin de la semaine dernière, nous avons constaté une chute de l’activité de l’ordre de -30%, alors que jusque mi-février le marché était plutôt dynamique. Mais la situation évolue tous les jours. Pour le moment nous avons mis en place le télétravail quand cela est envisageable. La fabrication continue et nous avons pris toutes les mesures de sécurité nécessaires pour notre personnel de production. La logistique et le service commercial fonctionnent. Les régions en dehors de la Lombardie et de la Vénétie sont moins touchées et nous continuons à livrer nos clients opticiens. »
Marco Caccini (©platform-optic)