Suite aux déclarations d'Eric Chenut, président de la Mutualité Française, mettant en cause le montant des remboursements et du nombre de magasins d'optique en France, nous avons proposé à Hugues Verdier-Davioud, président de la Fédération nationale des opticiens de France (Fnof), de réagir :
Hugues Verdier-Davioud : « Une fois de plus, les complémentaires santé s’en prennent aux professionnels de santé sans pour autant être capable de justifier leurs frais de gestion exorbitants. Ils mettent en cause le fonctionnement du marché de l'optique sans balayer devant leur propre porte.
- Un exemple : en 2020, la baisse de la prise en charge des montures optiques est passée de 150 à 100 euros. Avec 15 millions d’équipements remboursés chaque année, cela fait 4 milliard d'euros d’économie pour les Ocam en 5 ans. Si on ajoute à cela les montures 100% Santé qui leur coutent 21 euros par équipement choisi par 20% des Français, le montant des économies réalisées est considérable.
- Autre exemple : au moment de la réforme du 100% Santé, on est passé de 1 an à 2 ans pour les remboursements des équipements optiques, sans aucun effet sur les dérapages des coûts de gestion des Ocam. Cela n'a pas empêché les montants des cotisations des assurés d'augmenter, sans pour autant améliorer les garanties. Aujourd'hui, les Ocam proposent la même recette : passer de 2 à 3 ans le délai de remboursement, sans apporter aucune garantie sur l'impact pour leurs finances. Ce n'est pas sérieux.
A plusieurs reprises ces dernières années, les parlementaires ont demandé publiquement où était passé l’argent ? A quoi a-t-il servi ?
Pendant ce temps, le marché de l’optique, lui, n’a pas progressé de 4 milliard d'euros depuis 2020. En revanche, depuis 2020, les opticiens ont absorbé l’inflation de leurs charges de fonctionnement, de la masse salariale, des montures et des verres...une inflation qui n’a jamais été reportée sur le 100% Santé et à peine sur le marché libre, par souci de garder la santé visuelle accessible aux porteurs.
Lutte contre la fraude
La Mutualité Française demande même à l'Etat de l'aide pour lutter contre la fraude. Rappellons que, depuis novembre dernier et la prise de postion ferme de la Cnil, aucun Ocam n’a estimé nécessaire de revoir ses process qui consistent à exiger des données médicales en échange de la prise en charge.
Depuis 1 an, une solution de filière leur a été proposée au nom de tous les acteurs mais ils n’ont pas exprimé d'intérêt sur ce sujet.
Publicité et nombre de magasins
Il y a cependant 2 sujets sur lesquels nous rejoignons la Mutualité Française.
- Nous avons porté le 10 avril dernier auprès de la CPN notre regret de la publicité et son impact : celle des enseignes commerciales qui a un impact sur la consommation d'équipements, mais aussi la publicité des Ocam et des réseaux qui a nécessairement un impact sur les coûts de gestion et d’acquisition qui sont reportées sur les cotisations des adhérents.
- Nous rejoignons également Eric Chenut sur le fait que la France dispose du meilleur maillage territorial en termes de magasins d’optique. Les opticiens sont disponibles et accessibles tous les jours de l'année aux quatre coins du pays, avec ou sans rendez-vous, en capacité de faire des examens de vue, de référer vers les orthoptistes, les ophtalmologistes, les généralistes.
Mais sommes-nous trop nombreux, ou sommes-nous mal utilisés ? Les opticiens pourraient servir à faire de la prévention dans les écoles, dans les Ehpad, auprès des populations à risque, ou encore pour les permis de conduire, les risques oculaires dans certaines professions...
On ne demande pas plus de moyens, mais qu’on ne nous en enlève pas ce qu'on a, et qu’on utilise mieux ce qui existe déjà ».
D'un autre côté évitons de signer des contrats de tiers-payants trop contraignants, n'acceptons pas n'importe quoi, lorsque nous sommes professionnels le tiers-payant n'est plus la priorité pour le client et pour la minorité qui magouille, dénonçons-les, nettoyons devant notre porte, la profession s'en sortira bien mieux sans eux.
Pour revenir aux propos faux et mêmes trompeurs de M. Eric Chenut sur le nombre d'opticiens, nous sommes environ 44000 opticiens diplômés exerçant dans environ 13000 points de vente pour un marché d'environ 8 milliards d'euros et 68 millions d'habitants. Aux États-Unis, 5 fois plus d'habitants (340 millions), environ 44000 magasins (d'où peut-être son erreur...), environ 73000 opticiens, des gros points de vente avec en moyenne 10 à 12 personnes certainement dû à un bien plus gros marché d'environ 70 milliards d'euros donc bien plus que 5 fois celui de la France, et ce même en comptant un niveau de vie de 20 à 30% supérieur et sans compter des équipements bien plus qualitatifs en France.
N'ayons donc pas à rougir de notre profession qui en France, offre une belle qualité de service et de produits à des prix tout-à-fait dans la moyenne lorsque l'on compare les mêmes choses.
Personnellement, je n'ai jamais compris les opticiens ayant signé pour le miroir aux alouettes des réseaux fermés. Et encore moins l'acceptation du concept de remboursement différencié.
Un premier pas vers l'arrêt de signatures de tels contrats serait salutaire pour tous et profitable aux meilleurs.
Sincèrement, vous imaginez un boulanger auquel son fournisseur veut bien lui vendre sans sac de blé à tel prix, à condition qu'il baisse le prix de sa baguette ?...
Et contraindre les OCAM à respecter la législation et le règlement de la CPAM en matière de remboursements pour les cas d'exception. Un assureur n'étant pas un professionnel de santé, par exemple, la demande de l'ordonnance est en soi une aberration pour autoriser un tiers payant et une entorse au RGPD.
Qu'en pensez-vous ?
Le piège tendu par les OCAM s'est refermé sur nous puis ils on commencé à baisser les tarifs avant de nous contraindre avec les réseaux et les tarifs différenciés.
On peut vivre et se développer sans signer un seul réseau (cqfd chez moi), en revanche, on ne fera plus machine arrière sur le tiers-payant.
Aujourd'hui, la priorité est de repousser le nouveau projet gouvernemental et de se concentrer là dessus, sinon je nous prédis un avenir incertain.
Si nous prenons le nom de certains stade de football d'équipe française, MMArena au Mans, Groupama Stadium à Lyon, Allianz Riviera à Nice, Matmut Atlantique à Bordeaux (débaptisé récemment)
donc je repose la question : ou est passé l'argent ????
Je vous pose plutôt la question : Seriez vous favorable à une union des opticiens, ainsi qu'une défense commune et active contre le projet du gouvernement ?
Trop c'est trop.
Pour une fois, devenons raisonnables et laissons nos dissensions commerciales de coté.
Il est temps pour les opticiens français de réagir et de ne pas cette fois-ci nous laisser faire.
Luttons dès à présent tous (unis ? si c'est possible).
Prouvons par des chiffres que la part de la lunette dans le trou de la CPAM est ridicule.
Prouvons que la part du remboursement lunettes n'est pas non plus ce qui crée des difficultés aux OCAM.
Il y a quelques mois, un ministre disait ouvertement que nous devions payer pour contrer les pertes dues au 100% santé .......des audioprothésistes.
De qui se moque t'on ? et la place du consommateur dans cette balance ?
Il existe bien des axes pour lutte; le premier, la chasse ouverte aux fraudeurs dans notre profession afin d'avoir une image propre et de ne plus pouvoir être remis en cause par cet argument. Nous avons tous en face de nous ou bien dans la rue d'à coté un opticien qui "optimise" ses factures. Eh bien, opticiens honnêtes, liguons nous contre-eux et faisons en sorte qu'ils rentrent dans le rang ou qu'ils disparaissent........
Ensuite, nous pourrions commencer par faire une grève "brassard" afin de dénoncer l'injustice qui nous guette et de sensibiliser les consommateurs.
Dans le même temps une pétition expliquant bien la situation pour ceux qui devront porter des lunettes, pourrait être signée par les opticiens, mais surtout leurs clients, et pourquoi pas aller faire signer jusque dans dans la rue.
Au mieux nous pourrions baisser le rideau et faire une grève générale, mais là je suis utopiste.
Une grève du tiers-payant ?
En plus de cela, il nous faudra faire du lobbying à l'assemblée et au sénat en choisissant des députés/sénateurs porteurs de lunettes qui pourront plaider notre cause. Je suis certain qu'il est possible d'y trouver quelques forts myopes et beaucoup de presbytes.
D'autres voies sont possibles et je suis certain que vous ne manquez pas d'idées que nous pourrons nous apporter en nous fédérant.
Personnellement, je milite pour la suppression de la publicité pour les opticiens.
Ainsi on travaillerait grâce à nos compétences et plus par un fort pouvoir de communication.
et celui qui nous a mis dans la panade en communiquant sur le changement tous les ans serait obligé de devenir un vrai opticien.
Un seul mot d'ordre, pour une fois, une seule fois : tous ensemble !
j'espère que cette conversation va susciter de nombreuses réponses et réactions !
Oui à une action commune, oui à la transparence, oui à la fin de la pub et du tout-marketing. Et surtout : remettons l’opticien au cœur du parcours de soin, pas en bout de chaîne pour valider une PEC.
On est prêts. Il faut juste que ça parte. Tous ensemble, vraiment.
Assez des fausses réformes à sens unique. Pourquoi ne pas imposer aux Ocam une transparence totale, à commencer par l’obligation d’utiliser la blockchain pour tracer les cotisations, les remboursements, et les frais de gestion ? Là, on verrait vite où passe l’argent des assurés.
Tant qu’ils pourront faire croire qu’ils défendent la santé tout en étranglant les pros et en pompant les assurés, rien ne changera. Il est temps de reprendre la main.
Je pense que c'est de la rue que doit venir la solution, bien sûr de façon légale et pacifique.
Il suffit d'écouter nos clients, qui se plaignent déjà du passage aux deux ans, pour savoir vers où la majorité pourrait tendre.