Le 26e concours d’un des Meilleurs Ouvriers de France Lunetiers (MOF) désignera ses lauréats le 13 mai prochain en Sorbonne à Paris. Pour cette édition, il y avait 27 inscrits, 21 présents en qualification, 16 admis en final et 5 lauréats.
En exclusivité, acuite.fr vous révèle le nom, le parcours et les projets des cinq lauréats Meilleurs Ouvriers de France Lunetiers 2018. Pour obtenir ce titre, les candidats ont réalisé une épreuve de façonnage et d’assemblage d’une monture en acétate durant 4 heures en mars dernier au lycée Victor Bérard de Morez (39).
Lors de l’épreuve finale, ils devaient réaliser seul et librement, sur leur temps personnel, une œuvre définie par le jury. « Il (le candidat, ndlr) devra concevoir et réaliser l’environnement de présentation de l’œuvre. Son travail communiqué au jury sera accompagné d’un dossier technique de conception et de réalisation, présentant le projet et le suivi d’exécution illustré par des photographies représentant les phases significatives de la réalisation », complète le référentiel du concours diplômant.
Bérengère Evain, Charles Dagneaux, Laurent Genay, Nicolas Roux et Philippe Puvilland seront à l’honneur lors de la remise du titre de MOF Lunetiers.
Charles Dagneaux, opticien et dirigeant d’Optimaker et directeur technique rétrospectiv, 41 ans
« Je suis agréablement surpris, c’est une fierté de me retrouver au milieu des Meilleurs Ouvriers de France. Mon ami Laurent Genay m’a inscrit pour ce concours, je n’étais pas courant ! J’ai encore du mal à réaliser ce que nous avons accompli », a confié à acuite.fr Charles Dagneaux.
Pour relever le défi, votre confère, diplômé du BTS OL à l’Iso Paris (75) en 1998, a réalisé une monture en acétate noire et blanche avec des branches en métal. « J’ai utilisé toutes les composantes de l’impression 3D pour réaliser ce modèle. Cette technologie m’a beaucoup aidé ainsi que le logiciel de modélisation 3D SketchUp pour aller plus loin dans la création et gagner en précision », fait-il savoir.
Et de poursuivre : « lors de l’épreuve finale, les côtes nous ont été imposées (précision au demi dixième près) mais les candidats avaient une liberté dans la création (couleurs, assemblages, matériaux, design des branches… ) ».
Charles a consacré 5 week-end pour rendre son travail à temps.
Réalisation de Charles Dagneaux |
Bérengère Evain, lunetière pour Lafont, 42 ans
« Jamais je n’aurais cru obtenir ce précieux sésame ! Au départ je me suis inscrite pour connaître mon niveau, bénéficier d’un regard extérieur sur mon travail… Lorsqu’on m’a annoncé ma qualification, j’étais déjà tellement heureuse. Pour moi j’avais déjà tout gagné et surtout, j’avais acquis ma légitimité ! Je suis arrivée tard dans le milieu masculin de la lunetterie, maintenant je le sais : j’ai trouvé ma place », a confié à acuite.fr Bérengère Evain, seule lauréate du concours MOF lunetiers 2018.
Avant de se lancer dans la fabrication, Bérengère était propriétaire de 2 magasins à Toulouse (31). Et puis, poussée par l’envie de relever un nouveau défi, elle s’est inscrite à l’école des Meilleurs Ouvriers de France en 2015, à Morez (39). Prise de passion par le travail manuel, votre confrère en fait désormais son métier chez le créateur Lafont depuis 2017 à Paris, et réalise des lunettes sur-mesure pour leurs 5 magasins.
Pas de sujet libre cette année durant le concours, en revanche, Bérengère a pu laisser s’exprimer sa créativité dans la réalisation du présentoir. « J’ai utilisé du bois parce que j’aime travailler cette matière. J’ai également ajouté des pièces de cuir comme un clin d’œil à mon grand-père qui était bottier », détaille Bérengère.
Que va changer ce prix pour Bérengère ? « Je n’en ai aucune idée, mais je reste ouverte à tous les nouveaux challenges ! », répond-t-elle enthousiaste.
Réalisation de Bérengère Evain |
Laurent Genay, opticien à son compte, 40 ans
Après avoir obtenu son BTS OL à l’Iso Lyon en 1997, Laurent a travaillé 10 ans en magasin puis il s’est installé à son compte avec son épouse à Bordeaux (33).
Dès l’ouverture de son point de vente, il a fabriqué ses propres montures, en corne ou en acétate. Autodidacte, il a appris seul à façonner une lunette et s’est formé au dessin industriel et à la modélisation en 3D. Votre confrère en était à son 2e essai puisqu’il y a 10 ans, alors qu’il venait de se qualifier au concours des MOF Lunetiers, son fils a vu le jour. Il a alors fait le choix de se consacrer à sa famille et de se retirer de la compétition. La 2e fois fut la bonne.
Ce qu’il retient de ces mois de concours ? « Le plaisir. Le plaisir de sortir de sa zone de confort et de travailler des matériaux auxquels on n’est pas habitué. Pour la face de ma monture j’ai utilisé de l’acétate, les charnières étaient en titane (5 parties) et pivotantes sur 4 axes. Mon coffret était en bois et j’y ai intégré un circuit électronique pour ouvrir un tiroir surmonté d’une surface imprimée en 3D », précise Laurent.
Pour rendre son travail à temps, votre confrère a passé 2 nuits blanches. Mais sans regrets, « ce titre, c’est une véritable reconnaissance et une satisfaction personnelle », conclut-il.
Réalisation de Laurent Genay |
Philippe Puvilland, opticien à son compte, 49 ans
« On peut dire que j’ai suivi une formation accélérée », renchérit votre confrère, Philippe Puvilland, propriétaire d’un magasin à Montrevel-en-Bresse (01). Lui non plus n’était pas habitué à travailler le métal. Pour le concours il a choisi un thème classique « noir et doré, avec des parties en laiton ». Quant au support de présentation, « j’ai opté pour une pyramide en bois afin de rappeler les détails imposés par les consignes ».
Durant ces quelques mois « on vit pour le concours, on s’endort et on se réveille en y pensant… C’est très intense », témoigne-t-il.
Philippe a obtenu son BTS OL à Morez (39) en 1992, « c’est sûrement la proximité avec les lunettiers qui m’a mis sur la voie ». En 1998, il créé son magasin, qu’il vient justement d’agrandir avec un espace dédié à l’atelier. « Je ne sais pas encore ce que ça va changer pour moi, je suis simplement heureux de l’avoir fait, c’était une expérience ô combien enrichissante », conclut-il.
Réalisation de Philippe Puvilland |
Nicolas Roux, lunetier chez Dorillat, 35 ans
Des nuits blanches, Nicolas Roux aussi en a passé : « je pense avoir consacré entre 400 et 500 heures de travail pour le concours ». Un rythme intense qu’il a tenu durant 4 mois puisque le reste de l’année était dédié à l’organisation de… son mariage ! Un événement qui lui a servi d’inspiration pour le socle de présentation « en mélaminé noir bardé d’aluminium, moulage puis tirage en plâtre armé de la main de ma femme qui porte la lunette ».
« J’ai réalisé une paire de lunettes face et manchons en écaille véritable avec des branches en aluminium façonnées dans la masse. Pour le défi, j’y ai ajouté des charnières flex, directement encastrées dans les branches, pour un parti pris technique », commente-t-il. « En venant de la Maison française de lunetterie Dorillat, j’étais très attendu, ce qui m’a mis une pression supplémentaire », confesse Nicolas Roux.
Réalisation de Nicolas Roux |
sur les 5 j' en connais 3 : charles , laurent , bérangère
félicitations
quand on veut , on peut