Mardi, nous vous avons indiqué que le PLFSS 2022 prévoyait de retirer le monopole de la primo-prescription aux ophtalmologistes pour l’accorder aux orthoptistes (mais pas aux opticiens). Dans la foulée, l’Anjo (Association Nationale des Jeunes Ophtalmologistes) a lancé une pétition. Elle a déjà recueilli plus de 1 500 signatures.
Celle-ci est soutenue par le Snof (Syndicat national des ophtalmologistes de France), de l’AFO (Académie française d’ophtalmologie), le Conseil national professionnel d’ophtalmologie et le CNJC (Conseil national des jeunes chirurgiens).
Une grève qui couve
Voici les doutes qui sont émis : « Les orthoptistes auront le droit de prescrire des lunettes et des lentilles en accès direct, même si vous n’avez jamais vu de médecin des yeux. […] Il y a un vrai risque de catastrophe sanitaire visuelle pour vos yeux, ainsi que ceux de vos enfants et de vos parents. C’est une vraie démédicalisation. En voulant diminuer à tout prix les délais de consultation pour renouveler ses lunettes, le gouvernement sacrifie le dépistage et la prévention de vos maladies… »
Plaidant leur cause, les ophtalmologistes dénoncent que la répartition des orthoptistes sur le territoire est « moins bonne » que la leur, et évoquent une « grève massive, longue et totale ».
De mémoire la majorité des pathologies ophtalmo sont dépistées grâce à l'examen du fond d'oeil, de façon fortuite (pas de symptômes, simple consultation pour contrôle de vue), alors même que l'acuité corrigée est normale et la réfraction ne présente rien de suspect.
Si vous saviez le nombre de dossiers de rétinopathies, naevus, DMLA débutante, glaucome etc... que j'ai rencontré depuis que je suis en poste, avec une acuité visuelle corrigée à 10/10 P1,5 ODG... C'est bien plus fréquent que ce que certains semblent imaginer.
Ou ne serait-ce qu'une papille bizarre, en apparence excavée, pâle ou que sais-je d'autre => OCT direct, on ne prend certainement pas le risque de passer à côté d'un truc qui flingue les yeux !
Le fait qu'il existe des abus dans certains centres "à la chaine" (on en connait tous) ne permet absolument pas de dire que ces examens ne servent à rien.
J'ai aussi quelques dossiers de patients avec un glaucome en stade terminal/une DMLA exsudative/une rétinopathie, dont les lunettes ont été renouvelées par opticien depuis 10-15 ans (via généraliste probablement, ou sans prise en charge sécu/mut), acuité normale jusqu'au jour où le patient vient consulter pour une baisse de vue que l'opticien n'arrive pas à remonter. C'est rare mais j'en vois de temps en temps, ça me rend dingue à chaque fois. Je ne sais jamais si je dois oser expliquer au patient que ses yeux sont morts parce que les dépistages n'ont pas été faits, et qu'on aurait pu traiter en amont si un fond d'oeil avait été fait en temps utile.
Il est impensable de dire au patient que ses yeux vont bien en n'ayant fait qu'une réfraction, aussi soignée soit-elle (pour rappel, les orthoptistes sont formés à la réfraction dans leurs études et il y a une formation continue à ce sujet, en tout cas depuis que je suis orthoptiste mais je ne suis pas si vieux^^).
Je ne comprends pas cette réforme en tant qu'orthoptiste, ça n'a pas de sens d'un point de vue santé publique.
Les orthoptistes ne font pas le fond d'oeil, à moins d'être associé à des ophtalmos, à qui on peut faire des demandes de télé-expertises sur dossier avec réfraction/PIO/rétinographies et clichés du segment antérieur. Ce qui est le strict minimum pour des patients à priori sains.
Mais c'est très contraignant (niveau consultation et investissement matos!), et je n'ai pas l'impression que l'on se dirige vers ça avec cette loi...
Comment peut-on confier la prescription de lunettes et de lentilles à un orthoptiste alors qu'à ma connaissance, sa formation n'est pas portée vers l'optométrie et l'analyse de la vision. J'ai suivi il y a 45 ans la formation d'une orthoptiste et rien ou très peu de cela. Peut-être des matières ont été ajoutées depuis, mais à quel niveau ?
Revenant à la prescription lunettes, ce qui est essentiel c'est le choix de la formule des verres qui nécessite d'abord la recherche de la vraie correction, celle qui amène l'image de l'infini sur la rétine. Puis il y a nécessité d'apporter une retouche afin d'équilibrer par la réduction mesurée de certaines valeurs dans le but d'apporter un confort visuel en vision binoculaire.
Ainsi prescrire des lunettes ne peut pas se limiter à recopier le résultat d'un autoréfractomètre, ne pouvant pas être considéré comme totalement juste. Il donne une indication, une orientation et il est nécessaire à partir de ce résultat, de réaliser des tests complémentaires. Avec la participation du patient devant un tableau d'acuité, de multiples manipulations avec des verres d'essai sont nécessaires pour garantir le bon choix de la compensation optique.
Alors se pose la question : l'ordonnance transmise par le client a-t-elle été rédigée après toutes ces évaluations ? Dans le doute c'est à l'opticien de s'en assurer et l'expérience montre que parfois il y a des modifications plus ou moins importantes à apporter pour l'intérêt du porteur.
Ma liberté, du fait que je ne suis plus en activité, m'incite à poser ici quelques questions :
La formation de l'ophtalmologiste en faculté est-elle suffisante pour assurer une bonne qualification en optométrie et en analyse de la vision ? Pour cela il devrait être indispensable d' avoir un professeur compétent dans chaque faculté, alors sont ils assez nombreux ?
De même pour la formation des orthoptistes si la délégation de la prescription leur est accordée.
Imaginons que la formation soit à la hauteur, faut-il encore que lors de l'exercice de ses fonctions, le médecin ou l'orthoptiste appliquent les multiples tâches, et donc qu'ils aient le temps pour le faire....
Notez qu'en ce qui concerne la formation des opticiens, il suffit de prendre connaissance de ce qui est demandé aux épreuves du BTS. Les sujets et corrigés sont disponibles sur Acuité pour les 22 années passées. On peut se demander pourquoi certains souhaitent prolonger la formation...
Je me rappelle d'une formation de 8 heures par semaine pendant deux années ce qui fait 500 heures de cours pour la discipline, c'était à Morez dans les années 70 avec un professeur plutôt à la hauteur et passionné, il est d'ailleurs consultant....
Quant à la disponibilité des opticiens, ils doivent pouvoir prendre le temps de vérifier. Malheureusement la généralisation du tiers payant et le dictat de certaines mutuelles sont très chronophages, et comme dit le dicton "on ne peut pas être à la fois au four et au moulin".
Notez d'ailleurs que la présence obligatoire de l'opticien n'est pas toujours respectée (il me semble de plus en plus fréquemment), dans ces conditions les vérifications pourtant nécessaires pour chaque dispositif ne sont pas faites. Voilà pour moi ce qui différencie "un marchand de lunettes" et "un opticien lunetier", mais je crains que ce dernier soit une "race" en voie de disparition...
Quant on réalise le copinage mis en place il y a quelques années,des ophtalmos avec les orthoptistes, pour mieux faire barrage aux méchants opticiens qui allaient détourner les patients pour les prescriptions lunettes...
Quant on réalise toute la patience des optométristes,depuis des années,qui ne savent plus que faire pour prouver leur compétence.
Quand on réalise toute la poudre aux yeux et le lissage dans le sens du poil de l'opticien pour lui faire croire qu'il est et sera de plus en plus reconnu au meme titre que les autres.....
Et que ça n'arrive toujours pas...
voir meme qu'on repart dans le sens inverse...
LA PREUVE...
Les orthoptistes nous passent devant!!
Une impression de course ?
Non non vous ne revez pas,bienvenue dans le monde de l'optique..
Et ce n'est pas fini..
Le 100% santé qu'on vient déjà nous surveiller et nous comptabiliser (surtout n'oubliez pas de raconter aux clients que l'équipement est de super qualité !! )
Et surtout continuez à vous former de plus en plus souvent,de plus en plus pointus...
On ne sait jamais,peut etre que dans 2 ou 3 générations,l'opticien ressortira la blouse blanche dont on se demande,à une certaine époque,comment finalement,elle pouvait etre autorisée !!
Et on se demande pourquoi le recrutement est difficile ?
-Les ophtalmologistes sont des médecins, personne ne conteste leurs compétences en terme de prise en charge, dépistage et surveillance médicale ! Leur sous-effectif actuel explique les soubresauts d’une profession victime de la perte de ses valeurs estompées par un marché obligataire généré par l’obligation de prescription…
La rente n’existe plus et les financiers prennent la relève…
-Les orthoptistes, spécialistes des équilibres oculo-moteurs sont des spécialistes reconnus, personne ne le conteste. Leur sous-effectif actuel explique les soubresauts d’une profession victime de la perte de ses valeurs estompées par un marché obligataire généré par la soumission au prescripteur qui dirige le cabinet d’exercice…
La rente n’existe plus et les financiers prennent la relève…
-Les opticiens (optométristes, refractionnistes, spécialistes de la prise en charge de la vision …) sont des professionnels (qui devraient être de santé avant d’être du commerce) de l’analyse des besoins et des équipements optiques, personne ne conteste leur compétence…
Leur sur-effectif actuel explique les soubresauts d’une profession victime de la perte de ses valeurs estompées par un marché atrophié par une sur-concurrence venue du commerce et de ses codes oblitérant le métier…
Pour les mêmes raisons, la rente n’existe plus et les financiers prennent la relève…
Rien n’est figé: ni les lois ni les décrets ne sont votés, et les combats continuent pour faire valoir nos compétences et nos droits. Nul ne sait encore quelles seront nos équilibres, interdépendant de l’engagement de nos syndicats et de leur base, nous, vous, qui les soutenons ou devrions les soutenir. La réforme de notre cursus sera engagée en 2022: moins les voix seront discordante, plus cette réforme sera assurée de voir le jour dans un cadre réfléchit et savant (le CNOF y travaille depuis de nombreux mois).
Dans cette attente, la polémique est une fois de plus stérile, dégradante et démotivante, il est dommage que ceux qui l’entretiennent ne soit pas capable d’ élévation et d’intelligence réellement prospective !..
Dans cette attente, restons unis, optimistes et engagés…
Avançons ensemble en prenant en compte les compétences de chacun pour trouver la meilleur solution pour tous dans une démarche autre que celle des égos et du mercantilisme.
Arrêtez de voir midi à votre porte(feuille) et comportez vous en professionnel de santé avec chacun son domaine de compétence.
La primo prescription dans ce contexte devra être un travail d'équipe finalisé par l'ophtalmologiste, c'est moi avis et essentiel pour garantir une sécurité sanitaire exemplaire d'excellence dans le monde de la vision en France.
Espérons qu'elle ouvre les yeux (humour) du gouvernement pour enfin admettre que des milliers d'optométristes formés et diplômés sont prêts !
De toutes manières ça ne changera au rien au délais ... ils elles ne sont pas formés pour la réfraction !!! A quand la possibilité aux OPTO de prescrire ?
TU SAIS FAIRE TU FAIS , C'EST SIMPLE MAIS PAS POLITIQUE .
Qui n'est pas formé à la réfraction ?
Bien à vous
C'est plus souvent 5 minutes. Mais c'est une réalité! Médecin tout puissant faite ce que je dis pas ce que je fais.
Perso je demande à voir.
Peut-être que les dispositions transitoires; nécessaires pour accompagner cette grève dure , pourraient se révéler de vrai solutions pérennes...
C'est moi ou ils se contredisent dans leur communiqué ?
Et ils pensent quoi de la téléconsultation ?