Jeudi 7 septembre, un reportage d'Envoyé Spécial intitulé « Arnaques au creux de l’oreille » d'une durée de 38 minutes était diffusé sur France 2. L'ambition était de faire un tour d'horizon des pratiques frauduleuses dans le secteur des aides auditives et de leur prise en charge.

Un sujet qui a pris de l'ampleur depuis la mise en place du 100% Santé et qu'il est impossible à chiffrer précisément tant les pratiques diffèrent et tant les contrôles sont difficiles à mettre en place étant donné l'importance des flux. 

 

enquete_envoye_special_audioprotheses.png

@Envoyé Spécial France 2

 

Pour résumer, plusieurs exemples d'irrégularités et de fraudes sont mis en lumière : absence de diplôme d'audioprothésiste dans les centres visités par les journalistes, exercice illégale de la médecine, équipement inadapté, suivi de patients et réglages d'appareils inexistants, abus de confiance sur des personnes âgées, faux diagnostic, ordonnances truquées, exercice de la profession en dehors d'un centre auditif, démarchage à domicile...

Bien entendu, ces exemples ont été selectionnés par les journalistes pour dresser un tableau général des pratiques frauduleuses les plus fréquentes, mais ne représente pas la profession dans son ensemble. 

 

Les exemples sont pragmatiques, les témoignages éclairants, le rythme soutenu par une quantité assez importante d'informations. On visite l'usine GN Hearing à Copenhague qui fabrique 5 millions d'aides auditives par an, la cellule anti-fraude de la CPAM de Haute-Garonne qui a identifié 5 entreprises frauduleuses en 2022... On apprend également que 6% des audioprothésistes travailleraient dans plus de 3 centres auditifs, ce qui est en violation de la convention signée avec l’Assurance maladie.

 

cpam_haute_garonne.png

@Envoyé Spécial France 2

 

Une bonne image de la profession

Brice Jantzem, président du SDA (syndicat des audioprothésistes), intervient a plusieurs reprises dans le reportage. Nous l'avons contacté pour avoir son ressenti :

« Le film est fidèle à la réalité du tournage, les journalistes ont respecté ce qui était prévu. Globalement, l'image de la profession est valorisée. L'importance du rôle de l'audioprothésiste, son expertise et ses prestations, sont mis en avant. Le reportage a le mérite de mettre en garde le grand public contre certaines dérives, et c'est le plus important. Espérons que les pouvoirs publics s'en inspirent également pour améliorer la lutte contre la fraude ».

 

brice_jantzem.png

@Envoyé Spécial France 2

 

Quelques bémols

Le reportage est à destination du grand public. Les professionnels de santé ne vont pas vraiment découvrir de scoop, ni avoir une idée de l'ampleur de la fraude au niveau national. Contrairement à ce qui est annoncé dans le reportage, la prestation de suivi d'un patient équipé peut s'étaler sur 6 ans, et non 4 - la règlementation impose un minimum de 2 rendez-vous par an. 

La séquence finale entre Elise Lucet et la chanteuse Hoshi, atteinte de la maladie de Ménière, n'apporte rien au sujet de la fraude. 

L'absence totale de conclusion et l'arrivée soudaine du reportage suivant, « Des cantoches pas moches », laisse sur sa faim. 

 

hoshi_elise_lucet.png

La chanteuse Hoshi et la journaliste Elise Lucet @Envoyé Spécial France 2

 

Le reportage « Arnaques au creux de l’oreille » est disponible en replay sur le site de France Télévisions pendant 1 an.