Le Snof (Syndicat National des Ophtalmologistes de France) a fait savoir ce matin par voie de presse qu'il se réjouit de "l'accord conclu avec l'assurance maladie qui accorde [aux ophtalmologistes] un "accès spécifique" pour la prescription de lunettes, et pour le dépistage et le suivi du glaucome". Il voit dans cet accord la reconnaissance officielle "par l'assurance-maladie et les professionnels médicaux de ce grave problème de santé publique […] qui touche près d'un million de patients + 800 000 qui, faute d’avoir été détectés, ignorent qu’ils sont touchés et risquent d’évoluer vers une cécité irréversible".
L'aboutissement des "efforts de prévention, de dépistage et d’information sanitaire qu’ils réalisent chaque jour à l’occasion des prescriptions de lunettes" réjouit également les médecins pour qui "le dépistage et le suivi du glaucome exigent des examens particulièrement complexes, (un interrogatoire, une mesure de tension, un examen du fond d'oeil, un champ visuel et une mesure de l'épaisseur cornéenne), tous gestes officiellement reconnus comme étant réservés à du personnel médical formé".
Le syndicat récuse "les doutes émis sur la capacité de la profession à assumer cette mission" et voit dans les nouvelles dispositions décidées entre l'assurance maladie et les représentants des médecins, ainsi qu'une plus forte collaboration entre les ophtalmologistes et les orthoptistes (comme c'est déjà le cas dans de nombreux cabinets) un renforcement notable du dépistage et du suivi du glaucome.
Comme nous l'indiquions dans notre news du 15 décembre dernier, le réseau Santéclair veut accroître son rôle dans la prévention du glaucome. Le Snof juge ces propos inquiétants et pose la question : "Comment la MAAF peut-elle se prévaloir de faire du dépistage, sans compétences ophtalmologiques reconnues et alors qu’elle fait obstruction à toute coordination qui permettrait de prendre en charge les cas dépistés ? La Maaf refuse tout contact. La liste des opticiens Santéclair est secrète. La formation et les protocoles sont inconnus".
Concrètement, toujours selon les ophtalmologistes, l'adhérent MAAF risque d'être mal conseillé par "le « vendeur » Santéclair, qui pourra aussi passer du même coup à côté d’un certain nombre de graves maladies de la vue (cataractes, DMLA, rétinites diabétiques, décollements de rétine, mélanomes, tumeurs intra-crâniennes…)". Le syndicat poursuit en précisant que "sur les 3 millions d'adhérents que revendique la MAAF, on peut estimer que 40 000 glaucomes, 17 500 cataractes, 64 800 DMLA, 105 000 diabétiques, 200 décollements de rétine / an, 21 mélanomes / an et 300 tumeurs intracrâniennes /an risquent d'échapper au dépistage et au suivi".
Pour finir, le Snof rappelle que la consultation n'est pas un acte commercial, qu'elle doit se dérouler dans un lieu permettant "l'intimité et la confidentialité" et soulève le lourd problème déontologique du secret médical : "un commerçant peut-il collecter des données médicales et les utiliser pour sa force de vente ?" Enfin, il annonce que "Le Conseil National de l'Ordre est saisi : En cas d'accident de la route, par exemple, il y a un risque que l'assureur refuse de prendre les frais à sa charge s’il est prouvé par l'opticien Santéclair que l'acuité est inférieure à l'acuité légale pour conduire…"
Profession