Au lendemain de l'assemblée générale de Krys Group qui fête ses 50 ans cette année, acuite.fr a invité Jean-Pierre Champion, directeur général de Krys Group, à partager son analyse sur notre secteur. Sans tabou ni langue de bois, il explique le marché, conseille sur les transformations à mener, pose un regard dépassionné sur la relation entre la profession et les Ocam…

Acuité : Quelle analyse portez-vous sur le marché de l’optique en France ? Optimiste ou pessimiste sur l’avenir ?

Jean-Pierre Champion : Il faut être lucide, les mesures votées ces dernières années, notamment le plafonnement du remboursement et l’évolution du secteur avec la montée en puissance des réseaux de soins, aura pour conséquence une baisse de chiffre d’affaires. Nous avons évalué cette chute entre 12% et 15%.

Sur 2015 et sur le début de l’année, cette baisse ne se fait pas encore ressentir. Le secteur profite de l’effet d’aubaine de l’ANI, Accord National Interprofessionnel, qui a instauré la généralisation de la complémentaire santé pour tous les salariés. L’activité se maintient donc sur les premiers mois de 2016. Pour autant, j’incite tous les acteurs du marché à se mobiliser et à mettre en place les actions indispensables pour compenser les effets négatifs des dernières mesures.

A : Quelles transformations le secteur doit-il opérer ? Préconisez-vous des actions pour développer l’activité ?

J-P.C : A mon avis, il y a des actions à entreprendre sur trois axes principaux.

Tout d’abord, notre secteur doit cesser d’être nostalgique. Il faut prendre acte des réalités et accepter d’évoluer pour transformer des menaces en opportunités. Il s’agit d’un état d’esprit, mais je pense que c’est essentiel pour mener à bien les changements.

En deuxième point, il est primordial d’investir. D’investir dans le concept des magasins, dans les équipes à travers la formation, et dans le marketing.

Troisième axe, le marketing relationnel pour lequel le sous-investissement est là aussi bien réel. Il faut accompagner le client sur tout son cycle de vie et sur tous ses besoins, en optique et en audio.

A: Que pensez-vous de la fronde contre les Ocam ? Quelles relations le secteur doit-il entretenir avec les réseaux de soins ?

J-P.C : Sur la fronde menée actuellement, je mets en garde les acteurs impliqués. On n’a pas le droit de boycotter des appels d’offres, c’est ce qu’on appelle une entente. A mon sens, il vaut mieux construire que se mettre en posture de défense. La fronde, c’est sympathique. Mais ce qui est intéressant, c’est l’étape suivante et la manière de rééquilibrer la relation avec les Ocam. Je suis en phase avec l’objectif de la fronde, mais pas avec les moyens. Le mouvement devra être canalisé pour être représentatif. Il est normal et nécessaire de rééquilibrer la relation avec les Ocam. Je préconise l’action auprès de l’exécutif et du  législatif et au travers des syndicats que j’appelle à se regrouper pour mener cette lutte plus efficacement. C’est d’ailleurs dans cette démarche que j’inscris Krys Group.