Un amendement déposé par la députée Laure de la Raudière à l'article 6 du projet de loi renforçant la protection et l'information des consommateurs vise à supprimer l'obligation faite aux opticiens de requérir une ordonnance pour la délivrance des lentilles. Cette éventuelle mesure suscite un tollé chez les prescripteurs.
Alors que la Commission des affaires économiques se réunit ce soir sur le texte, le Snof (Syndicat national des Ophtalmologistes de France) la met en garde contre "l'adoption de cet amendement qui, sous prétexte de donner à nos concitoyens les moyens de « reprendre le contrôle sur leur consommation", met en danger la santé de leur vue au nom de priorités commerciales inacceptables". Le syndicat rappelle que l'ordonnance "est une garantie de conformité des lentilles aux besoins et aux spécificités des yeux du patient en matière de correction oculaire, mais aussi du point de vue anatomique". "C'est également le moyen de faire vérifier l'intégrité de la surface de la cornée et de dépister éventuellement une pathologie induite par le port de lentille", rappelle-t-il.
« Ne pas laisser l'opticien choisir la marque »
"L'absence d'ordonnance sous-entendrait en réalité que le choix de la marque des lentilles est laissé à la discrétion de l'opticien, sur des considérations essentiellement commerciales. Sachant qu'il n'existe pas deux marques de lentilles de contact au comportement identique, c'est, à coup sûr, une mesure qui accroîtra les intolérances mineures, cause d'abandon du port des lentilles. Il n'est pas sûr que les fabricants y trouvent leur compte, mais il est certain que plus de complications majeures pèseront sur le budget de l'assurance maladie et auront un coût humain et social non négligeable en termes de handicap pour les consommateurs", assure le Snof.
« Prendre le risque de démédicaliser la santé oculaire »
L'hypothèse d'une telle mesure suscite aussi de vives réactions au sein de la SFO-ALC (Société française des ophtalmologistes adaptateurs de lentilles de contact). Ses membres mettent également en garde les députés, et se disent "surpris et inquiets d'apprendre que les lentilles de contact risquent d'être délivrées sans ordonnance et donc sans examen médical la première fois ni la moindre surveillance médicale au cours de la vie". "Autoriser l'achat et le remboursement de lunettes et de lentilles sans ordonnance, c'est prendre le risque de démédicaliser la santé oculaire et d'augmenter le nombre et la gravité des pathologies qui ne seront dès lors diagnostiquées que trop tardivement, au stade des complications", insistent-ils.
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