En 2017, nous vous avions parlé d’EyeCane, un appareil de substitution sensorielle pour les malvoyants destiné à éviter les obstacles présents sur leur chemin. (lire notre News : Un outil révolutionnaire va remplacer la canne blanche pour 30 euros).
Dans la même logique, un nouveau dispositif a été mis au point. Il s’agit d’un GPS spécialisé nommé Accesspace dont l’objectif est d’aider les malvoyants à se déplacer de manière autonome. Concrètement, ces derniers pourront percevoir et comprendre de manière intuitive la topographie, c’est-à-dire l’agencement spatial de leur environnement, par l’intermédiaire de vibrations.
Ce dispositif conçu et en prototypage académique par Marc-Aurèle Rivière, doctorant au Litis (laboratoire d’informatique, du traitement de l’information et des systèmes) de l’Université de Rouen Normandie, offre une approche synthétique des informations au minimum réellement indispensable, pour s’orienter et se déplacer. (On parle de gist spatial).
En s’appuyant sur des modèles de cognition spatiale, les chercheurs ont établi une représentation de l’espace par 4 types d’informations :
- Les obstacles proches, sur le chemin du malvoyant : pour savoir où ne pas aller.
- La destination : pour savoir vers où se rendre ;
- Les chemins qu’il est possible d’emprunter : pour savoir par où il est possible d’aller ;
- Les points d’intérêts aux alentours (monuments, places connues, son domicile…) : pour savoir où l’on est.
Autre défi des scientifiques : concevoir et mettre au point une interface permettant de communiquer ce gist de manière intuitive. En se basant sur différentes études ergonomiques, les chercheurs ont décidé de transmettre les informations via une ceinture équipée de vibrateurs placés tout autour de la taille de la personne.
Pour chaque élément à indiquer au déficient visuel, le vibrateur sera activé avec une intensité qui augmentera si l’objet indiqué se rapproche, à l’image d’un radar de recul. De même, si l’élément se déplace autour du malvoyant, la vibration suivra son déplacement autour de la taille lui permettant ainsi de ressentir les mouvements autours de lui.
Le dernier défi concerne l’acquisition de ces informations par le dispositif. Objectif : qu’Accesspace soit capable de détecter les obstacles ainsi que d’établir une carte des alentours pendant les déplacements du porteur. « Il faut donc l’équiper de capteurs et d’algorithmes appropriés pour acquérir ces informations de manière fiable, même à l’intérieur de bâtiments, où aucune information GPS n’est disponible », expliquent les chercheurs.
Ainsi, ce dispositif inclura une paire de lunettes équipée de caméras sur chaque branche, d’une centrale inertielle et d’une puce GPS. Ces capteurs transmettront des informations à une application dédiée installée sur le smartphone de l’utilisateur. Elle emploiera des algorithmes d’intelligence artificielle, similaires à ceux équipant les véhicules autonomes, pour fusionner ces informations et en déduire le gist spatial des alentours, qui sera transmis au malvoyant par des vibrations au travers de la TactiBelt, une ceinture placée sous les vêtements du patient.