Depuis 10 ans, Glen Jeffery, professeur à l’Institut d’ophtalmologie de l’University College de Londres, étudie le vieillissement des cellules, et en particulier visuelles, ainsi que les mitochondries, composant essentiel de chaque cellule. Une étude publiée dans le Journal of Gerontology (disponible en pdf ci-contre) met en évidence les bénéfices de l’exposition de la rétine à une lumière rouge à onde longue pour ralentir la dégradation visuelle liée à l’âge, comme la DMLA.
« Il faut comparer les mitochondries à des batteries contenues dans la cellule », explique le professeur Jeffery. « Comme pour une batterie de voiture, au fil du temps il peut y avoir des fuites, entrainant une perte d’intensité et de performance. C’est pareil pour les mitochondries : elles alimentent nos cellules en énergie, et au fil du temps elles perdent de leur efficacité et peuvent même finir par favoriser les inflammations et accélérer le vieillissement. Dans la DMLA, comme pour Parkinson ou d’autres maladies neurologiques, tout commence par une défaillance des mitochondries ».
Ralentir les effets du vieillissement
« La particularité de la rétine, c’est qu’elle est beaucoup plus facile à observer que d’autres organes du corps, et qu’elle comporte plus de mitochondries que n’importe quelle autre partie du corps », poursuit le Pr Jeffery. « Les cellules photoréceptrices de l’œil consomment aussi beaucoup plus d’énergie issue des mitochondries. Par conséquent, les yeux subissent l’effet du vieillissement plus rapidement que les autres organes. À partir de 40 ans, la plupart des individus subissent une dégradation de leur acuité visuelle. Seule la lumière rouge permet de stimuler les mitochondries, les autres couleurs du spectre ont plutôt un effet délétère sur elles. La lumière bleue, surtout autour de 420 nanomètres, est très nocive pour les mitochondries ».
Une simple lampe torche équipée d’un filtre rouge
L’institut a invité 24 volontaires (12 hommes et 12 femmes) entre 28 et 72 ans, sans pathologie oculaire, à participer à des séances de luminothérapie. Après un bilan visuel, les volontaires doivent exposer leurs rétines pendant 3 minutes chaque jour, chez eux, à un faisceau de lumière rouge. Pour cela, il suffit d’une lampe torche ordinaire (LED) émettant une lumière de 650 nm à 1000 nm et un filtre rouge. Pas besoin de garder les yeux ouverts pendant le traitement : les ondes longues traversent la paupière. L’exposition doit être réalisée le matin, car les mitochondries suivent le rythme circadien. Les effets sont réputés être efficaces pendant trois à quatre jours.
Une lampe torche accompagnée d'un filtre rouge utilisée par le Pr Jeffery (crédit UCL)
Des résultats encourageants
Sur les patients de moins de 40 ans, l’exposition à la lumière rouge n’a pas d’impact. Pour les autres en revanche, la discrimination des contrastes lumineux dans les tons de bleu perçus par les cônes s’améliore jusqu’à +20%. La sensibilité des bâtonnets est également améliorée, avec des résultats cependant moins significatifs que sur les cônes. Ralentir le déclin des mitochondries pourrait ainsi retarder le développement de pathologies comme la DMLA.
L’étude ne met pas en évidence d’éventuels effets délétères de la lumière rouge sur d’autres parties de l’œil comme la cornée ou le cristallin, mais les recherches du Pr Jeffery continuent. A terme, des lunettes thérapeutiques pourraient être commercialisées pour remplacer la technique de la lampe de poche.
Sans parler d'Essilor, je me réjouis des innovations apportées par nos verriers surtout si elle préserve la sante oculaire
Il faut se réjouir des avancées du domaine de l'oeil, et rester circonspect vis-à-vis de tout ce qui n'est pas testé de façon carrée (essais cliniques).