« En cas de progression de la myopie, on a aujourd'hui les moyens d'agir », résume le Pr Arnaud Sauer, ophtalmologiste en pédiatrie et praticien au CHU de Strasbourg.

Il dirige une étude sur la complémentarité de certains moyens de freination de la myopie qui sont disponibles aujourd'hui. L'étude en question a été présentée lors du 130e congrès de la Société Française d'Ophtalmologie en mai 2024 et devrait bientôt être publiée dans une revue scientifique.

Combiner l'atropine et les verres freinateurs

Menée à Strasbourg depuis 3 ans sur 250 enfants scindés en plusieurs groupes, l'étude cherche à exprimer les effets de la complémentarité des traitements entre atropine et verres freinateurs.

Plusieurs groupes ont été constitués parmi les 250 enfants : certains ont été exposés à un collyre d'atropine microdosée* à 0,01%, d'autres à un taux d'atropine à 0,025% et d'autres à 0,05%, un autre groupe a été équipé de verres freinateurs de technologie HAL (Stellest d'Essilor) ou DIMS (Miyosmart de Hoya), et d'autres groupes exposés à la fois à l'atropine et aux verres freinateurs. Sans oublier un groupe contrôle équipé de verres unifocaux standards.

 

Des résultats probants

Le professeur Arnaud Sauer parle des résultats avec enthousiasme.

Les effets combinés de l'atropine et des verres freinateurs HAL et DIMS réduisent encore davantage la progression de la myopie chez les enfants observés. Non pas que les 2 traitements soient nécessairement indispensables, mais ils ont des effets complémentaires qui donnent la possibilité d'agir sur l'évolution de la myopie sur les patients qui le nécessitent.

Nous vous partagerons les détails des résultats de l'étude dès que possible.

L'embarras du choix

« Le choix pour les parents concernant le traitement va se porter sur la tolérance, son efficacité, mais aussi son coût », constate le Pr Sauer. « L'atropine a l'avantage d'être facile à dispenser, une goutte le soir au coucher, très peu d'effets indésirables, elle est bien remboursée. En revanche, elle n'est disponible aujourd'hui qu'en pharmacie hospitalière.

Les verres HAL ou DIMS sont accessibles chez tous les opticiens, en revanche ils coutent plus cher que l'atropine et ils nécessitent un port permanent tout au long de la journée ».

 

*l'atropine à dose classique est une substance qui provoque une paralysie de l’accommodation et une dilatation de la pupille. Elle est notamment utilisée pour permettre une mesure de la réfaction plus fiable lors d’un examen de la vision chez l’ophtalmologiste.