Après l'optique, Leclerc part à l'assaut de la pharmacie

Dans la lignée de son combat contre la vie chère, Michel Edouard Leclerc vient de lancer son mouvement pour faire autoriser la vente des médicaments OTC (en libre service) dans sa centaine de parapharmacies, installées dans les grandes surfaces de son enseigne, et ce dans un espace réservé, sous le contrôle de docteurs en pharmacie. Suite à l'annonce de la prochaine mise en vente, en libre service, de 226 médicaments, il souligne la hausse des prix des traitements non remboursés, qui contribue selon lui à "éroder le pouvoir d'achat des Français et à fragiliser les valeurs d'équité du système de santé". Il s'engage ainsi à "améliorer les conditions d'accès au marché de la santé", en faisant baisser les prix des médicaments d'automédication de 25%. Ce message est relayé depuis vendredi dernier par de nombreuses publicités, en télévision et presse écrite, et un site Internet dédié, www.sesoigner-moinscher.com.

Cette campagne a aussitôt été dénoncée par l'Ordre des Pharmaciens, pour qui "le médicament n'est pas une marchandise banale". "Le caractère remboursable ou non d'un médicament n'est pas un indicateur de sa toxicité" et "il n'est pas question de confondre médicament et marchandise, pharmacien et chef de rayon, pharmacie et magasin" défend l'organisation. Celle-ci rappelle en outre les résultats du dernier baromètre Ipsos Santé, qui souligne que 76% des Français jugent "risqué" d'acheter certains médicaments ailleurs que dans les pharmacies. Pour le Collectif national des groupements de pharmaciens d'officine, qui regroupe 8 500 des 23 000 pharmacies du pays, "la mission première d'un pharmacien n'est pas de vendre des médicaments mais d'être un acteur de la chaîne de soins qui place le patient, sa santé et sa sécurité au centre de ses préoccupation". "M. Leclerc promet des baisses de prix sur des produits qu'il n'est pas autorisé à distribuer, pour mieux dissimuler les augmentations sur ceux dont il a aujourd'hui quasiment le monopole" critique de son côté l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine.

Le gouvernement est également monté au créneau. Ce matin, la ministre de la Santé Roselyne Bachelot a jugé "mensongère" la campagne de Michel Edouard Leclerc. "Les expériences étrangères montrent qu'après trois mois de baisse, les prix des médicaments reflambent" a-t-elle argumenté.

Rappelons que fin 2005, Michel Edouard Leclerc avait lancé son enseigne d'optique, Optique E. Leclerc. Son développement est cependant bien en deçà des ambitions initiales : elle regroupe à ce jour 8 points de vente, alors même qu'elle visait 20 magasins en 2006 et 100 en 2010.