Suite à la publication hier, dimanche 16 octobre, du décret sur les règles générales d’exercice de la profession d’opticien-lunetier, nous avons contacté tous les syndicats par mail pour avoir leur réaction. Catherine De La Boulaye, présidente de l’UDO a été la première à répondre à nos questions.
Acuité : Quelle est votre première réaction suite à la publication ce dimanche du décret ?
Catherine De La Boulaye : C’est une grande satisfaction : les combats de l’UDO sont axés autour d’un seul but : « faciliter l’accès aux soins oculaires des français ».
Les mesures vont :
- répondre aux demandes des clients : depuis l’interdiction de la vente sans ordonnance introduite par la loi Hamon du 17 mars 2014, l’UDO s’est battue sans relâche afin que des assouplissements à cette interdiction soient intégrés dans la loi de sorte que chaque opticien puisse répondre aux attentes de leurs clients et les accompagner dans tous les moments de vie, tels que les pertes ou casses de leur équipement.
- dégager du temps médical aux ophtalmologistes débordés, en autorisant sous leur contrôle un renouvellement facilité d’un équipement correcteur qui est attendu par les clients ; rappelons que les délais de rendez-vous ne cessent de s’allonger malgré les débuts de solutions mises en place dans certains cabinets.
A. Ce décret est-il une avancée pour la profession ? Si oui, en quoi ?
CB : Autoriser la pratique d’examens réfractifs systématiques conduit à reconnaître la compétence des opticiens. Rappeler l’obligation de transmettre les résultats des modifications de corrections systématiquement sur la prescription initiale et à l’aide d’un compte rendu envoyé au médecin prescripteur est la clé du bon suivi visuel des Français.
A. Comment vos adhérents vont-ils mettre en pratique ces mesures ? Où cette fois, les opticiens vont-ils s'approprier ces mesures ?
CB : Pour l’UDO, les adhérents appliquent scrupuleusement la législation, rappelons que l’éthique est l’un des piliers du projet politique avec la charte signée en 2006 avec la FFSA (Fédération Française des Sociétés d’Assurances). De plus, tous nos adhérents font la démarche de certification de services optiques dans laquelle sont contrôlés à nouveau : l’existence d’une salle de réfraction répondant aux critères de la loi, le suivi des comptes rendus envoyés aux médecins prescripteurs lors des renouvellements autorisés.
A : Qu'avez-vous demandé comme mesures supplémentaires qui n'ont pas été retenues ?
CB : Convaincue que l’avenir passe par de nouvelles tâches confiées aux opticiens dans une filière visuelle organisée sous le contrôle des ophtalmologistes, l’UDO va continuer à se battre pour améliorer la formation initiale des opticiens en 3 ans et pour reconnaître une formation d’opticien-optométriste à qui d’autres prérogatives pourront être confiées en particulier en contactologie à l’instar de tous les autres pays européens.
La version finale du décret n’a pas été présentée à l’UDO en séance de concertation : nous ne pouvons accepter l’ajout de la mention du nom sur le badge porté obligatoirement en magasin par les professionnels. L’UDO a déjà alerté la DGOS et la CNAMTS et mettra tout en œuvre pour préserver la sécurité des collaborateurs (trices) de ses adhérents. Rappelons que la profession est féminisée à plus de 55%, et qu’en aucun cas des clients malveillants ne doivent pouvoir les poursuivre en dehors du point de vente (domicile etc…). Pour les protéger, depuis 2010, nos adhérents mentionnent uniquement le prénom et le titre professionnel, sur le badge porté.
A : Pour la délivrance de lunettes sans ordonnances, comment est évaluée la situation en « en cas d'urgence constatée et sans solution médicale adaptée » ? Le client sera-t-il remboursé de son équipement ?
CB : Tout simplement en cas de casse ou perte, beaucoup d’opticiens sont en capacité de fournir des équipements centrés et adaptés en moins d’une heure ce qui garantit une bonne vision dans tous les moments de vie : travail, conduite etc.. Bien évidemment ces équipements ne seront pas remboursés par la Sécurité sociale et seront donc réservés aux cas d’urgence.
A : Ce nouveau décret va-t-il désengorger les cabinets d’ophtalmologistes ?
CB : Il est clair que cela doit contribuer à désengorger les cabinets d’ophtalmologistes, leur permettre de se consacrer au suivi médical de plus en plus nécessaire avec le vieillissement de la population. Favoriser le dialogue entre les 2 professions à tous les opticiens me semble une très bonne chose, l’opticien doit rappeler lors du suivi de l’équipement (réajustage etc..) au patient les échéances notées comme essentielles pour la prise de tension ou autres actes de dépistage de santé visuelle.
A : La profession peut-elle faire connaître au grand public ces nouvelles prérogatives ? Comment l'opticien peut-il le faire savoir ?
CB : L’UDO avait demandé lors des auditions du rapport IGAS conduites par le Dominique Voynet, à ce que les opticiens puissent communiquer sur les recommandations de la HAS pour le renouvellement des équipements optiques. Limiter l’information à l’intérieur du magasin semble réducteur car le « client » a déjà effectué une démarche, il est dommage que nous n’ayons pas été entendu ce qui aurait contribué à mieux informer les Français.