Après notre News sur le lancement d’une solution de télé-ophtalmologie visant à accélérer le délai de délivrance d’équipements optiques, le Dr. Thierry Bour, président du Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof) nous a contacté. « Nous aurions souhaité connaître en amont le contenu de ce protocole afin d’expliquer les incohérences. Les orthoptistes et les opticiens sont placés en 1e ligne, on inverse le système », a-t-il confié à acuite.fr.
En outre, la mise au point de ce protocole de télémédecine « contourne le décret du 16 octobre 2016, dont l’objectif est de rendre obligatoire le passage par l’ophtalmologiste au bout de 3 ou 5 ans ».
Le Dr. Thierry Bour pointe également un problème de fond : « le dispositif est financé par Krys Group, une structure commerciale, qui va rémunérer l’orthoptiste et l’ophtalmologiste au travers de la plateforme MédecinDirect. Cette situation n’est pas compatible avec la déontologie médicale. Ce type de protocole est défini par le code de la santé publique comme étant des pratiques entre médecins ».
Et de poursuivre : « nous sommes en négociation conventionnelle sur la norme de télémédecine, qui doit préciser les conditions de prises en charge des patients. Ce lancement pourrait complexifier les discussions ».
Déploiement en co-construction avec le Snof
Interrogé par acuite.fr en réaction aux propos du Dr. Thierry Bour, Krys Group nous fait savoir « que ce protocole de télémédecine est à ce stade, en phase d’expérimentation et n’a pas encore été déployé. En tout état de cause, le déploiement ne pourra intervenir qu’avec l’aval des autorités médicales et en co-construction avec le syndicat des ophtalmologistes ».
L’expérimentation en cours obéit à 2 prérequis :
- l’autorisation préalable de l’Agence Régionale de Santé (ARS) donnée à MédecinDirect
- le choix des lieux d’expérimentation correspondant soit à un désert médical soit à une ville où un administrateur Krys Group opère.
Pendant la durée de l’expérimentation, Krys Group finance les actes. Cet investissement s’arrêtera dès le début du déploiement, « date à laquelle nous espérons que le protocole sera validé et fera l’objet d’un remboursement ».
La coopérative nous explique également qu’« en aucun cas le protocole ne doit contrevenir, ni dans la lettre ni dans l’esprit, au décret 2016 faisant obligation au patient qui désire changer de lunettes de rendre préalablement visite à son ophtalmologiste, et ce à une fréquence minimale de 1 an, 3 ans ou 5 ans en fonction de son âge ».
Et de conclure : « le patient reste libre de choisir un autre opticien que celui qui a réalisé l’examen de réfraction. Grâce à ce protocole, Krys Group entend contribuer à une meilleure prise en charge de la santé visuelle des Français et reste ouvert à toutes les recommandations qui vont dans ce sens ».