Dans sa volonté de favoriser un accès aux soins visuels notamment auprès des personnes les plus fragiles (Grand Âge et handicap), le collectif Road (regroupement des opticiens à domicile) publie ce jour une seconde étude réalisée avec l’Institut Sapiens, qui se base sur plusieurs études du Snof et d'organismes comme la Drees ou l'Ipsos.

Développer la téléexpertise mobile

Le Road avait déjà fait savoir qu'il désapprouvait la téléconsultation synchrone qui ne permet pas de dégager du temps à l'ophtalmologiste, mais qu'il était favorable à la téléexpertise.

Dans son étude, l’Institut Sapiens estime ainsi que le recours à la téléexpertise - via la réalisation d’actes non invasifs, sans contact direct avec l’œil du patient - par un opticien en mobilité, en considérant que dans un premier temps seuls 10% des 43 millions d’actes d’ophtalmologie annuels seraient réalisables de cette manière, permettrait une augmentation de 12 millions d’actes ophtalmologiques, pour atteindre un total de 55 millions d’actes par an, soit une augmentation de 28% des consultations réalisées chaque année. En sachant que la croissance « naturelle » annuelle des nouveaux patients est de 500 000, la téléexpertise déléguée permettrait d’absorber largement ce volume.

 

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@Road, étude Sapiens

 

A cette augmentation des consultations s’ajoutent d’importantes économies de structure, découlant de la diminution des déplacements, de l’amélioration de la prévention, de la diminution des coûts de consultation et un allègement des contraintes pour des aidants à bout de souffle.

Déléguer les tâches, non les compétences

Comme l’indique une récente étude menée par le Snof et l’Ipsos, 75 % des Français considèrent l’ophtalmologiste comme garant de la santé visuelle. Pour le Road, la délégation de tâches ne vise pas à remettre en question la place de l’ophtalmologiste qui conserve une place centrale. Chaque patient passera à un moment ou à un autre devant le spécialiste, la question c’est de savoir s’il le fera en direct, ou via la téléexpertise réalisée par un professionnel de santé auxiliaire médical.

Rebattre les cartes de la collaboration entre les 3 O

Pour cette raison, la délégation de tâches à distance doit à présent être ouverte aux opticiens dans certaines conditions, comme elle est aujourd'hui autorisée en cabinet d’ophtalmologie (19% des ophtalmologistes travaillent avec des opticiens en qualité d’assistants médicaux). Comptant 40 755 professionnels sur tout le territoire, cette profession est fortement dynamique (les effectifs ont progressé de 75% en 10 ans) et tout aussi jeune que les orthoptistes (l’âge moyen y est de 36,6 ans). L’avantage est que leur densité (59,9 opticiens pour 100 000 habitants contre 8,5 orthoptistes pour 100 000 habitants) offre une surface d’intervention en soins optiques bien plus importante. La dynamique de coopération interprofessionnelle démontre la faisabilité et de l’utilité de la délégation de tâches. Le hic réside maintenant dans le monopole octroyé aux orthoptistes en la matière et dans le risque inhérent à se reposer sur une profession dont la démographie n’est pas des plus favorables et qui ne se déplace pas.

En outre, certains opticiens présentent une mobilité avérée que n’ont pas forcément les orthoptistes, leur permettant de mailler plus facilement le territoire et d’aller à la rencontre des patients où qu’ils se trouvent, qu’ils soient isolés, dépendants, ou vivant dans des déserts médicaux.