La télémédecine en ophtalmologie se développe fortement ces dernières années au point qu'il est devenu laborieux de s'y retrouver entre les différentes solutions de téléconsultation et téléexpertise.
Suite à nos interviews de l'association des optométristes de France (AOF) et du Rassemblement des opticiens de France (Rof), c'était naturellement au tour de la Fédération nationale des opticiens de France (Fnof) de se prêter à l'exercice.
Retrouvez l'interview vidéo du président de la Fnof Hugues Verdier-Davioud ci-dessus, et sa transcription ci-dessous.
Acuité : Quelle est la position de la Fnof sur la téléconsultation ?
Hugues Verdier-Davioud, président de la Fnof : « On n'est pas des esclaves, on n'a pas à se mettre en soumission ou en asservissement avec des coûts totalement prohibitifs qui finalement nous font disparaître de la sphère de la santé publique. Très clairement, quand on signe un réseau de soins aujourd'hui, on n'est plus maître du verre qu'on conseille, puisqu'il est choisi entre le verrier et le réseau de soins, on n'est plus professionnel de santé. Et puis si on fait de la téléconsultation, on n'est même pas dans la salle nécessairement. On est en train d'expliquer aux pouvoirs publics qu'on peut aussi se passer de nous, alors qu'on est, sur le territoire, le premier recours en santé visuelle. On est en train de dire paradoxalement qu'on peut se passer des opticiens. C'est inentendable. Économiquement, c'est un défi qu'on ne peut pas accepter. Donc la téléconsultation peut répondre dans des endroits extrêmement reculés, mais ce n'est pas la panacée, et la téléexpertise ne l'est pas non plus ».
AC : Quelle est la position de la Fnof sur la téléexpertise ?
HVD : « Il faut qu'on travaille ensemble avec les prescripteurs sur la téléexpertise, sur l'encadrement de cette téléexpertise, bien sûr. On peut imaginer la création d’un annuaire d’ophtalmologiste référent sur un territoire limité et agrée par l’ARS. Ensuite, pour réaliser une téléexpertise, on a besoin de quoi ? Une salle d'examen de vue avec des machines ? La plupart des opticiens ont la déjà. On a besoin d'un questionnaire. Le questionnaire existe. Il est utilisé par les orthoptistes aujourd'hui. Utilisons-le. On a besoin de faire trois examens, trois tests, trois contrôles. Trois contrôles supplémentaires à destination de l'ophtalmologiste, pour qu'il puisse se présenter en tant que médecin. Et bien, qu'on nous permette de pouvoir faire ces examens. Ils ne sont pas invasifs. C'est possible de le faire. Et puis enfin, ce qu'il faut bien avoir en tête, c'est qu'on demande un avis. On ne demande pas une ordonnance. On n'achète pas une ordonnance. Donc, il faut demander un avis. Et puis bien sûr, travailler avec les pouvoirs publics sur la rémunération de cette prestation. Parce que, plutôt que d'aller voir les urgences hospitalières qui ont un coût, plutôt que de faire des dizaines, voire des centaines de kilomètres, c'est un coût. Et bien, rémunérons à due proportion les prescripteurs et les opticiens. Il n'y a aucune raison. On a investi dans les machines. Elles servent. On a une compétence. On a investi dans nos études. On a investi dans une formation continue. Et donc, il n'y a aucune raison qu'on ne soit pas rémunéré pour une science que l'on est capable de faire.
On est en capacité de faire ces examens et de leur transmettre. On n'est pas en capacité de les interpréter. C'est quand même deux choses différentes. Et évidemment, je respecte les prérogatives de chacun ».