C'est au tour d'Eric Leonard d'évoquer la nouvelle mouture du projet de décret sur le plafonnement des remboursements d'optique paru dans les Echos vendredi. Le directeur général d'Essilor Europe était l'invité ce matin sur Radio Classique de Nicolas Pierron dans l'émission « L'invité de l'économie ». « Ce serait une mesure inefficace et dangereuse » a tranché Eric Léonard. « Connaissez-vous un domaine où les solutions ont été apportées par une réglementation du prix du produit ? », a-t-il interrogé avant d'affirmer : « Quand on limite le prix du produit, c'est la qualité qui baisse. »
Pour le représentant d'Essilor, le plafonnement des remboursements se répercutera sur l'activité des opticiens en les poussant « à aller chercher des produits moins chers en Asie pour maintenir leur marge ». Une démarche qui pénaliserait non seulement Essilor mais l'ensemble des fabricants du secteur, a-t-il souligné : « il ne faut pas faire d'économie de bouts de chandelles [...] rentrer dans une logique malthusienne et dire : on va supprimer les produits innovants et grâce à ça on va s'en sortir ».
Face à Nicolas Pierron, Eric Leonard a toutefois reconnu la nécessité d'une concertation au sein de la filière avec les ophtalmologistes, opticiens, assureurs santé et industriels. « Nous sommes prêts à travailler avec le gouvernement à améliorer l'efficacité globale du système. » À la suite de Didier Papaz la semaine dernière, le directeur Europe d'Essilor a notamment admis qu'il y avait « trop d'opticiens, trop de magasins, trop de coûts fixes dans [le] secteur. » Le sur effectif des professionnels contraste avec la pénurie des ophtalmologistes et la concertation avec le gouvernement doit permettre de « garantir l'accès aux ophtalmologistes et à des produits de qualité. C'est vraiment là-dessus qu'on attend le gouvernement dans une vraie concertation avec l'ensemble des acteurs. »
A noter que quelques minutes plus tôt dans le journal de l'économie du même Nicolas Pierron, Etienne Caniard, président de la mutualité française s'est dit pour sa part satisfait des mesures annoncées dans ce projet de décret. Pour lui, cette annonce a eu pour premier effet bénéfique de lancer le débat sur l'optique en France : « il y a eu une prise de conscience générale de la situation spécifique de l'optique en France : surabondance d'offre, prix élevés et surtout un renoncement aux soins d'optique en France puisque deux millions de Français [y renoncent] ».
Sur le fond, Etienne Caniard a indiqué que « le niveau [de remboursement] mérite encore probablement quelques ajustements. Nous sommes plutôt satisfaits, comme les industriels qu'on ait abandonné le système extrêmement complexes d'une dégressivité dans le temps de ces plafonds ».
Le responsable de la mutualité entend pourtant rester vigilant « pour que les plafonds ne se transforment pas en prix de vente systématiques. » Il préconise deux types de mesure « de régulation » pour prévenir cette dérive : « des prix limites pour les remboursements et également la possibilité de contractualiser à travers les réseaux entre les professionnels de santé, les mutuelles et les complémentaires en général. » Pour conclure, le représentant de la mutualité s'est dit disponible à la concertation avec les acteurs de la filière pour trouver la meilleure solution « pour les Français bien sûr ». Dont acte.