Profitant que le Gouvernement composé par Manuel Valls doit faire voter par l'Assemblée nationale ce mardi 29 avril son programme de stabilité [résumant les grandes orientations économiques de la France jusqu'en 2017, ndlr], les industriels de l'optique ont décidé de l'interpeller dans une lettre ouverte parue au Journal du Dimanche (JDD). Objectif : dénoncer une nouvelle fois les risques que fait peser sur le secteur le plafonnement des remboursements des frais d'optique.
Un sujet épineux sur lequel nous sommes déjà revenus à plusieurs reprises ses dernières semaines (lire notre news du 25/04/2014) et qui mobilise toute la filière contre la destruction d'une excellence industrielle française. La lettre ouverte débute par un rappel de la déclaration de politique générale de Manuel Valls qui indique vouloir soutenir « ces entreprises qui font face à une concurrence mondiale qui ne leur fait pas de cadeau (...) ».
« Depuis plusieurs semaines, écrivent les industriels, l'avenir [de la filière optique] est suspendu à une mesure unilatérale du ministère de la Santé. Concrètement, il s'agit de subventionner les mutuelles pour les contraindre à moins bien rembourser les lunettes » précisent-ils avant de souligner les « contradictions » de cette loi vis-à-vis des priorités fixées par le Gouvernement. Ainsi, alors que le Premier ministre prône une économie fondée sur « la production, la recherche et la création de richesse en France », les industriels de l'optique estiment au contraire que le plafonnement des remboursements des soins de la vue « fera du coût de fabrication le seul élément de concurrence et exclura nos produits du marché au profit de ceux des pays à bas coût. » Et de marteler pour la énième fois que cette mesure « condamnera nos 10 500 salariés directs dans nos 77 sites français ».
En termes de santé publique aussi, les critiques pleuvent : le pouvoir d'achat ne sera pas amélioré estiment les signataires de la lettre, qui jugent que la loi provoquera surtout « une ponction d'une centaine d'euros en moyenne pour plus de 10 millions de Français », sans faire pour autant baisser les prix des mutuelles. Dès lors, les industriels de l'optique voient dans cette mesure la mise en place d'« une santé à deux vitesses ». Et alors que le Gouvernement entend économiser jusqu'à 50 milliards d'euros, les auteurs de la lettre rappellent que « cette mesure n'induira aucune économie pour la collectivité puisqu'elle ne concerne que la sphère privée ». Loin de vouloir seulement « défendre des avantages acquis », les entrepreneurs de l'optique se considèrent « aujourd'hui sous la menace d'un enchevêtrement de réglementations de circonstance » et demandent solennellement à l'Etat de « reconsidérer cette mesure ».