Alors que la profession est toujours dans l’attente du rapport de l’Inspection générale des Affaires sociales sur l’organisation de notre filière de santé visuelle, les ophtalmologistes semblent de plus en plus enclins à déléguer aux opticiens. Mais pas n’importe quelles tâches, comme nous l’apprend une récente étude menée par Gallileo Business Consulting*. Aussi :
- 54% des sondés se disent prêts à la délégation de tâche pour la prise en charge et le suivi de la Basse Vision.
- 35% semblent favorables à déléguer l’adaptation de lentilles de contact.
- Enfin, seulement 20% des spécialistes se disent « tout à fait » ou « assez » favorables à la délégation de tâche pour les examens de réfraction.
Sans surprise, les ophtalmologistes sont beaucoup moins partagés pour ce qui est de la coopération avec les orthoptistes. Ils sont majoritairement ouverts et favorables à leur déléguer :
- la prise en charge et le suivi de la Basse Vision (94%) ;
- les examens de réfraction (71%) ;
- et l’adaptation de lentilles de contact (56%).
Ils restent également totalement réfractaires à la reconnaissance de l’optométrie. Ils sont entre 70 et 80% à ne souhaiter déléguer aucune de ces tâches aux optométristes.
« Dans un contexte où les cabinets d’ophtalmologie sont de plus en plus surchargés, et où le temps moyen pour obtenir un rendez-vous chez un ophtalmologue peut atteindre jusque 6 mois, la délégation des tâches apparaît comme une nécessité pour permettre au plus grand nombre d’accéder à la filière de santé visuelle dans des délais convenables, commente Maher Kassab, PDG de Gallileo Business Consulting. Ce que nous apprennent les résultats de cette étude, c’est qu’il n’y a pas UNE mais DES solutions, et que les ophtalmologistes sont finalement très partagés aussi bien sur le type de tâche qu’ils sont enclins à déléguer que sur les acteurs sur lesquels ils sont prêt à s’appuyer. C’est au niveau local, et en tenant compte des spécificités, compétences et savoirs faire des acteurs de chaque zone que les modalités de collaboration doivent se construire entre les 3 "O". Les industriels et centrale de la filière ont également un rôle à jouer dans cette démarche, car c’est à eux d’accompagner leurs partenaires et de leur fournir les outils pour leur permettre de mettre en place les modalités de délégations qui correspondront à leurs enjeux locaux », conclut-il.
Du côté du Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof) même si la situation démographique de la profession semble s’arranger petit à petit, le constat pour l’avenir reste alarmant. D’ici à 2025, le vieillissement de la population obligera les professionnels à effectuer pas moins de 8 millions d’actes par année. Une perspective peu réjouissante pour son président, Thierry Bour : « Nous risquons de ne pas pouvoir les honorer », estime-t-il. Aussi, les ophtalmologistes par la voix de leur syndicat demandent « d’élargir le dispositif de renouvellement sur la base d’une ordonnance de moins de 3 ans aux lentilles de contact, sous réserve d’un encadrement sérieux ». Ils envisagent également de « moduler la durée de validité d’ordonnance en fonction de l’âge ». Ces propositions ont été formulées auprès de l’Igas. Reste à savoir si le ministère de la Santé suivra ensuite ces recommandations. Les premières mesures concrètes pourraient intégrer rapidement le projet de loi Santé, actuellement en attente au Sénat. Affaire à suivre...
*Etude réalisée en juillet 2015 sur un échantillon représentatif de 450 ophtalmologues, issus du panel Strat’Ophtas Gallileo.
Qu'en est il en fin de compte sur la vente des lentilles?
La vente par internet étant déjà quasi abolie de la nécessité d'ordonnance puisque, si le client veut commander, il a l'obligation de cocher une case par laquelle il reconnait être en possession d'une ordo valide. Par ce biais, le web s'exonère encore une fois de toute responsabilité et de toute contrainte...