"Donne-moi mon écart pupillaire !". Ce slogan pour le moins insolite est celui d'une pétition lancée par un site Internet écossais de vente de lunettes. Metsuki.co.uk demande en effet au General Optic Council (GOC), qui régule la profession outre-Manche, d'obliger les opticiens optométristes à inscrire cette mesure sur leur ordonnance, afin que les porteurs puissent facilement acheter leur équipement sur le web.
Selon le vendeur en ligne, la législation, qui n'impose pas cette mention sur la prescription, est obsolète et le GOC, qui refuse d'accéder à cette requête, "étouffe la concurrence sur le marché de l'optique et ignore les changements dans la façon dont les consommateurs achètent leur lunettes".
Les opticiens optométristes accusés de "rétention d'information"
Metsuki met en cause "l'intégrité et la déontologie" des opticiens qui se font rémunérer pour des examens de vue, mais qui ne donnent pas à leurs clients toutes les informations permettant d'acheter leur équipement où ils le souhaitent, y compris sur Internet. Pour Ewan McFarlane, directeur général du site Internet, cette "omission" est une "tactique commerciale visant à forcer les clients à acheter dans les magasins". Le GOC se défend : "ces arguments sont basés sur une interprétation erronée du travail de l'opticien. La prescription n'est pas un ensemble d'instructions nécessaires à la réalisation de lunettes. Un examen de vue, c'est à la fois un contrôle de la santé oculaire et une réfraction, et c'est pour tout ça que les optométristes sont payés" réagit Kate Fielding, porte-parole du GOC. "Notre avis se base uniquement sur des notions de santé et de sécurité" ajoute-t-elle.
Une situation générale à tous les pays européens ?
Selon le site Metsuki, les britanniques ne sont pas les seuls concernés. Son dirigeant précise que 30% des achats sur son site sont effectués par des porteurs européens qui font état de "comportements similaires de la part de leur opticien, dans tous les pays". Metsuki a ainsi saisi l'autorité britannique de la concurrence pour qu'elle étudie cette question, au Royaume-Uni mais aussi au niveau européen. Sa démarche est soutenue par le député Charles Kennedy, élu de la circonscription de Ross Skye et Lochaber, où est basé le siège de Metsuki : "il est clair que le processus de prescription actuel est périmé. Il entrave à la fois le choix des consommateurs et la croissance des entreprises" estime l'homme politique, qui a participé, dans les années 80, à la dérégulation du marché de l'optique en Grande-Bretagne. Le site Internet recueille aussi le soutien de nombreux consommateurs : sa pétition lancée il y a un peu plus d'un mois sur http://www.pupillary-distance.net a déjà recueilli plus de 800 signatures. Elle se poursuivra jusqu'à fin 2010.
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