C'est en tout cas ce que soutient la Fédération nationale des opticiens de France (Fnof) suite à la publication, le 4 octobre dernier, du rapport Asterès sur le rôle régulateur des réseaux de soins, via "des prix maîtrisés et une qualité contrôlée". "Les plateformes passent du mode attaque au mode défense. Comment peut-il en être autrement ? Absence de transparence, conflit permanent avec les professionnels de santé, appels d’offres fantaisistes, détournement de patientèle, allongement des délais de paiement, perte des dossiers, ...", argumente Alain Gerbel dans un communiqué de presse reçu hier.
"Les plateformes de plus en plus critiquée"
La Fédération explique avoir "lu avec le plus grand intérêt cette étude et y a appris des choses extrêmement intéressantes : un milliard d’euros aurait été économisé (grâce aux réseaux de soins, ndlr), chiffre approximatif, non étayé, qui fait écho à un autre chiffre, celui de Monsieur Hamon dans le cadre de l’ouverture de la vente d’optique sur internet qui devait aussi faire économiser un milliard. Qui dit mieux ?", ironise son président.
Plus sérieusement, la Fnof estime que cette étude confirme l’utilisation des données personnelles de santé par les plateformes et annonce avoir transmis ce document à la Commission européenne, que l'organisation professionnelle a saisi en juillet 2013 afin de faire respecter les dispositions de la directive 95/46 sur le transfert des données de santé.
"S’il fallait retenir quelque chose de cette étude, c’est sa conclusion : « les plateformes de santé, confiantes dans leur modèle, se déclarent pourtant favorables à une telle évaluation publique et indépendante [rapport sur l’impact des réseaux de soins prévu par la loi Le Roux] ». Cela en dit long sur le lobbying actuel de ces structures alors que l’Igas n’a pas commencé ses auditions, que « l’Observatoire des prix en optique et des pratiques des complémentaires santé » n’a pas rendu son rapport ; les plateformes tentent d’occuper l’espace médiatique", estime Alain Gerbel.
Et d'ajouter : "Sur la défensive, elles n’ont plus le choix, étant de plus en plus critiquées par les Français comme le révèle le sondage Opinionway « les Français et le libre choix des professionnels de santé » : 95% se prononcent pour le libre choix de leur professionnel de santé et seulement 3% de nos concitoyens font confiance aux complémentaires santé pour les orienter vers un professionnel de santé. Face à un bilan aussi catastrophique, les plateformes enclenchent le mode défense et entrent dans la justification".
Les audios montent aussi au créneau
Fortement concernés par le rapport Asterès, les audioprothésistes ont immédiatement réagi à ce document qui, "sans nuances ni démarche contradictoire illustrent la partialité de l’Observatoire citoyen des restes à charge sous l’influence de Santéclair". Le Syndicat National des Audioprothésistes (Unsaf), qui constate la dégradation de la qualité et de l’information en audioprothèse sous l’action des réseaux de soins, réclame leur évaluation sérieuse par les Pouvoirs publics. Il rappelle également l’impérieuse nécessité d’imposer une négociation directe entre syndicats et complémentaires santé, s'opposant ainsi aux propos tenus par Nicolas Bouzou, économiste et fondateur d'Asterès, lors de la présentation de l'étude le 4 octobre.
Pour son président Luis Godinho, "les plateformes sont en réalité un obstacle à la nécessaire négociation entre les syndicats de professionnels de santé représentatifs et les financeurs, publics et complémentaires. Cette négociation est pourtant la seule solution pour améliorer l’accès aux soins et résoudre le trop fréquent renoncement, sans sacrifier la qualité car « le plus beau vecteur d’économie, c’est la qualité de la prise en charge », selon les propos récents de Nicolas Revel, directeur de l’Assurance maladie".