Le Shift Project*, en partenariat avec l'Assurance maladie, a publié un rapport pour décarboner le secteur de la santé - et avant tout établir un diagnostic.

L'initative est récente, déterminée, et tout peut aller très très vite, y compris pour l'optique-lunetterie.

  • En octobre 2022, le gouvernement Borne annonce un plan national de sobriété énergétique, secteur par secteur : État, industrie, transport, logement, culture, sport, numérique...
  • Au moins 2 absents majeurs dans ce plan : l'agriculture, et la santé - deux secteurs sensibles et subventionnés. Leur opacité complique leur lecture et les efforts que l'État peut leur demander - alors que l'Europe et l'urgence climatique l'exigent.
  • La Caisse nationale de l'Assurance maladie accélère et lance à l'automne 2023 une mission spéciale dédiée à la décarbonation du secteur de la santé.
  • Un rapport (disponible en pièce jointe à cet article) intitulé "Décarbonons les industries de santé" est publié le 28 mai 2024 par le Shift Project, en partenariat avec l'Assurance maladie. Il traite du bilan carbone des médicaments, s'appuye sur plusieurs organismes publics et la participation de professionnels directement concernés comme les pharmaciens.
  • Un prochain rapport doit voir le jour fin 2024, cette fois-ci consacré aux dispositifs médicaux (DM) - dont font partie les lunettes.

La place de la santé dans les GES en France

La santé représente environ 8% de l'empreinte carbone nationale.

Les achats de médicaments en représentent 21%, et l'achat de dispositifs médicaux 29%.

En optique-lunetterie, les études existantes sur les émissions de GES sont très récentes, limitées à certaines entreprises et certains scopes, ce qui rend le diagnostic aujourd'hui inégal et limité.

Notre secteur vient seulement de créer des groupes de travail sur le sujet, via les syndicats, comme le Sidol, Syndicat des industriels et distributeurs en optique lunetterie, le Gifo (Groupement des Industriels et Fabricants de l’Optique) ou encore le CIO (Conseil Interprofessionnel de l’Optique).

 

Méthodologie du rapport

« Le travail engagé implique tout d’abord de décrire le secteur au travers de ses flux physiques pour, dans un deuxième temps, mettre en place une méthodologie de traduction de ces flux en émissions de GES », explique le Shift Project. « Pour les médicaments, la description en flux physiques consiste à compter des tonnes de principes actifs, des tonnes d’excipients, d’emballages, etc., et à localiser les sites de production. Cette partie est bien avancée mais reste en cours ; la partie sur les dispositifs médicaux sera réalisée dans un second temps. Le projet vise fin 2024 pour traduire ces flux physiques en émissions de GES et mieux déterminer les leviers de décarbonation. Une méthodologie similaire sera appliquée concernant les flux physiques liés aux DM ».

 

Avant de rappeler : « Plus vite nous commençons à réduire nos émissions, plus la transformation des activités pourra se faire progressivement. Plus nous attendons, plus les ruptures à venir seront violentes et plus les crises compliqueront la transition ».

 

*Le Shift Project est un think tank français dédié à l'analyse des dépendances aux énergies fossiles et à l'impact sur le climat de l'économie - et donc des activités humaines. Il a été fondé par Jean-Marc Jancovici, concepteur du bilan carbone.