Verres ophtalmiques, lentilles de contact et chirurgie réfractive ne sont pas les seules possibilités de compenser ou corriger une myopie, un astigmatisme ou une hypermétropie.
Moins connu, il existe également des implants intraoculaires.
C'était l'objet d'une conférence de presse cette semaine organisée par Ophta France, qui développe et distribue des dispositifs médicaux en ophtalmologie. Plusieurs pointures de la chirurgie réfractive sont intervenues pour expliquer le fonctionnement et l'intérêt des implants phaques* de chambre postérieure EVO ICL (pour Implantable Collamer Lens).
Comment ça marche ?
Conçues pour compenser la myopie, l'astigmatisme et l'hypermétropie sans altérer la structure de la cornée, les implants ICL proposent une alternative aux techniques ablatives de chirurgie réfractive.
En cas de cornée trop fine, d'amétropie trop élevée ou d'irrégularités cornéennes, les lasers sont déconseillés en raison de risques opératoires accrus.
Les implants phaques ICL s'intègrent directement dans l'oeil, entre l'iris et le cristallin, et ne nécessitent pas de retrait de tissu cornéen. Ils corrigent les myopies jusqu'à -20D, les hypermétropies jusqu'à +10D et les astigmatismes de 0,5 jusqu'à 6,0 D.
Quelle efficacité ?
Cet implant n'est pas nouveau. Il a été inventé en 1993, et a connu beaucoup d'améliorations depuis. Les données cliniques les plus récentes confirment son efficacité. Une étude de la FDA constate qu'à 6 mois, 98,9% des patients obtiennent une précision réfractive à +-1D de la cible souhaitée. Plus de 90% d'entre eux s'approche même d'une correction parfaite, à 0,5D près.
98% des patients se déclarent satisfaits des résultats obtenus.
Version agrandie de la lentille EVO ICL
L'innovation majeure de cet implant réside dans son orifice central de 0,36 mm qui assure un écoulement physiologique de l'humeur acqueuse, évitant des complications.
La lentille EVO ICL minimise l'induction d'aberrations optiques qui peuvent affecter la vision de nuit. Les patients rapportent une récupération rapide de leur vision et une réduction significative des symptômes associés au syndrome de l'oeil sec, souvent observés après une intervention au laser.
Les implants oculaires auraient-ils mauvaise presse ?
« Ce n'est pas qu'ils n'ont pas bonne presse, ils n'ont pas de presse du tout », s'amuse le Dr Michael Assouline, spécialiste de la chirurgie réfractive, cornéenne et de la cataracte. « Il y a une méconnaissance de l'existence des implants oculaires, de leur efficacité et du confort qu'ils apportent aux patients. Il ne faut pas perdre de vue que la médecine est objective : lorsqu'un produit est disponible sur le marché depuis tant d'années, c'est que son efficacité est garantie ».
« Les implants traditionnels pour corriger la myopie sont positionnés sur l'iris, et non en-dessous, ce qui pouvait avoir des effets secondaires indésirables », rappelle le Dr Alain André Saad, spécialiste de la chirurgie de la cataracte, de la cornée et réfractive. « Il fut un temps où les médecins déconseillaient ces implants, souvent par méconnaissance. Aujourd'hui, on peut les recommander les yeux fermés ». Façon de parler.
En chiffres
En France, 3 000 lentilles intraoculaires de ce type sont implantées chaque année. C'est l'un des taux les plus bas d'Europe.
Le prix peut être dissuasif : comptez entre 3 000 et 7 000 euros : 800 euros en moyenne par implant plus l'intervention, matériel chirurgical de pointe, salle blanche, ophtalmologiste sur-spécialiste dans ce domaine, et ils ne sont pas encore assez nombreux en France à réaliser fréquemment ce type d'opération.
*phaque signifie que l'oeil ne subit aucune ablation du cristallin. Cette chirurgie est dite "additive" puisqu'aucun élément de l'oeil n'est retiré.
L'opération est réversible, l'implant peut être retiré.