La 21ème session des Ateliers d'Ophtalmologie Pratique a ouvert ses portes ce matin à Paris. Jusqu'à demain, 500 ophtalmologistes participent à près de 70 conférences données par une centaine d'intervenants. Parmi eux, le Docteur Yves Bokobza, chirurgien ophtalmologiste, dresse le bilan des avancées en chirurgie réfractive. Perspectives, techniques, contre-indications... Acuité fait le point avec cet éminent spécialiste.
Acuité : le nombre d'interventions de chirurgie réfractive a chuté en quelques mois de 25% aux Etats-Unis. Pour quelles raisons ?
Dr. Bokobza : Cette diminution est essentiellement due à la crise économique et à la chute de revenus des citoyens américains. Les avertissements de la FDA, qui a émis l'hypothèse d'un quelconque lien entre chirurgie réfractive et dépression, ne sont pour rien dans la chute du nombre d'interventions. Selon moi, cette hypothèse est par ailleurs totalement absurde.
Doit-on s'attendre à un recul du nombre d'interventions en France ?
Nous n'avons pas encore observé en France de diminution notable du recours à la chirurgie réfractive, à l'exception d'un léger recul en province. En 2008, 120 000 patients se seront fait opérer, ce qui représente une augmentation de 10% d'année en année. Les effets de la crise financière se feront cependant sentir en 2009, qui devrait voir une diminution du nombre d'interventions.
Quelles ont été les récentes avancées en la matière ?
La technologie la plus pratiquée à ce jour reste le Lasik, mais depuis 5 ans, la technologie du laser femtoseconde donne des résultats excellents : la chirurgie est plus précise, plus sécurisée. Et récemment, nous avons vu arriver le laser Excimer, qui corrige tous les types de défauts visuel, en améliorant la qualité de vision, et permet un traitement aberrométrique personnalisé.
Compte tenu de ces avancées, y a-t-il encore des contre-indications à la chirurgie réfractive ?
Bien sûr ! Les patients atteints de kératocônes ne peuvent pas être opérés. Ceux dont la cornée est trop fine, ou encore ceux qui ont un défaut visuel trop important.
Avec les avancées de la chirurgie réfractive, pourra-t-on un jour se passer de lunettes ou de lentilles ?
Cela n'arrivera jamais pour plusieurs raisons. Beaucoup de personnes appréhendent de se faire opérer, et ne passeront jamais le cap. Il y a aussi l'obstacle financier : il faut compter en moyenne aujourd'hui 3 000 euros pour une opération des deux yeux, qui ne sont pas pris en charge par la Sécurité sociale. Quelques complémentaires proposent des "forfaits chirurgie réfractive", mais elles sont rares. Enfin, les opérations de la presbytie ne sont pas encore très répandues. On aura toujours besoin de lunettes ou de lentilles !
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