Dans le cadre de la délégation des tâches et de la réforme de la profession, de fréquents échanges ont eu lieu depuis la rentrée entre les professionnels de la vision (ophtalmologistes, orthoptistes et opticiens) et le Ministère de la Santé. Même si les tenants et les aboutissants restent encore confidentiels, les négociations semblent avancer au niveau de la réfraction dans les magasins d'optique.
Pour preuve, une lettre envoyée par l'UDO (qui n'est pas directement à la table des négociations, mais reçu régulièrement par ailleurs) au cabinet de Xavier Bertrand, et diffusée sur son site (www.udo.org) rappelle que "pour mémoire, le périmètre de délégation des tâches vers l'opticien est le suivant :
Délivrance possible d'un équipement (montures et verres sans ordonnance à toute personne dans la tranche d'âge comprise entre 16 ans et 55-65 ans, pendant une durée de 3 à 5 ans après une visite chez l'ophtalmologiste qui pourrait avoir la capacité à s'opposer à ce renouvellement pour raison pathologique. Le remboursement par le régime obligatoire se ferait selon les conditions actuelles.
En contrepartie, les magasins d'optique :
- devraient avoir une pièce indépendante réservée à la réfraction; un diplômé, identifié par le port d'un badge, seul habilité à pratiquer la réfraction;
- ne feraient pas de publicité, sur le remboursement, comme sur la réfraction;
- ne pratiqueraient aucune tarification de l'acte;
- conserveraient la liberté de prix des équipements.
- et les professionnels devraient s'engager à suivre une formation continue tout au long de leur activité."
Sur ces différents points, l'UDO préconise de "fixer le plafond de la population concernée par un renouvellement sans prescription systématique à 65 ans -au minimum à 60 ans-, d'autre part, de fixer la durée de validité de l'ordonnance initiale à 5 ans". En ce qui concerne la contactologie, l'UDO juge "inopportun d'apporter une quelconque restriction réglementaire à la distribution des produits de contactologie par les opticiens. Et de continuer, "quant aux produits "blancs", nous pouvons affirmer que ceux-ci sont équivalents, si ce n'est identiques, aux produit de "laboratoires" mis sur le marché".
Toujours sur le thème des lentilles, selon l'UDO, "certains opticiens pratiquent l'adaptation, parfois en conflit avec les ophtalmologistes, parfois en accord avec eux, ou même à la demande de ces derniers". Elle demande à ce qu'on "ouvre le dossier" de l'adaptation même si c'est "peut être prématuré aujourd'hui". Enfin, elle juge "inopportune", "l'interdiction annoncée de la lampe à fente et du tonomètre à air, au regard des réalités constatées sur le terrain".
Dans la même journée, un communiqué de l'AOF (Association des Optométristes de France), intitulé "Evolution ou régression pour les opticiens ?" précise : "La prise en charge par la Sécurité Sociale de lunettes renouvelées sur la base de la mesure de la réfraction par l'opticien, entre deux examens ophtalmologiques séparés de trois à cinq ans, sauf indication contraire de l'ophtalmologiste, devrait être bientôt une réalité. [...] Le Ministère de la Santé, sous la pression du SNOF (Syndicat des Ophtalmologistes de France), s'apprête à assortir cette mesure de l'interdiction pour les opticiens de mesurer la pression oculaire (tonomètre à jet d'air), d'utiliser un biomicroscope et de faire payer leur examen de réfraction. La FNOF et le SYNOPE ont accepté ces graves restrictions de notre exercice professionnel. L'Association des Optométristes de France (AOF) s'oppose à toute interdiction qui serait faite aux opticiens d'utiliser le tonomètre et le biomicroscope (lampe à fente)".
Interrogés par notre rédaction, la FNOF et le SYNOPE, les deux seuls syndicats présents à la table des négociations avec les ophtalmologistes et orthoptistes, nous ont précisé d'une seule voix qu'ils avaient "effectivement pris connaissance des communiqués de l'AOF et informations de l'UDO. Nos deux organisations FNOF et SYNOPE ne souhaitent pas polémiquer sur un dossier de première importance pour notre profession. Nous vous renvoyons à la déclaration que fera monsieur le Ministre Xavier Bertrand, sous peu, ce qui permettra à toute la profession d'y voir clair et de comprendre qui sont les véritables acteurs de la réforme."
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