Dans notre News du 2 décembre, acuite.fr vous a annoncé que Luxottica avait levé l’option d’achat pour l’acquisition des 63,2% des parts de la plus ancienne chaîne italienne Salmoiraghi & Vigano. Le lunetier qui détenait déjà 36% des parts de la société depuis 2012, deviendra fin du premier trimestre 2017, l’unique actionnaire de l’enseigne.
Quels sont les enjeux d’un tel rachat ? Pour les spécialistes qu’Acuité a contacté, cette opération n’est pas vraiment une surprise. Elle s’explique par la structure actuelle du marché italien. Malgré une croissance record de 3,8% en 2015*, le pays a connu la crise ces 5 dernières années, laissant des opportunités à de nouveaux acteurs de la distribution. De leur côté, les indépendants ont perdu 6% de part de marché en 5 ans.
La chaîne numéro 1 en Allemagne Fielmann, positionné sur le low price, a ouvert en Italie en 2015, des magasins à Balzano et Bressanone, puis un troisième à Merano, ville du Tyrol du Sud. Fort du succès rencontré, 4 à 5 ouvertures sont d’ores et déjà prévues en 2017. Ce positionnement est déjà occupé par le groupe GrandVision avec les enseignes Avanzi (183 points de vente) et Optissimo (101 magasins), détenu par le fonds familial néerlandais Hal Trust. De même, la chaîne Nau (88 magasins) propose uniquement des produits en marque propre, selon son concept bas prix.
En rachetant Salmoiraghi & Vigano, 400 magasins en Italie dont 63 en franchise, Luxottica prend place sur le segment « qualité ». En effet, l’enseigne Salmoiraghi & Vigano propose une offre qualitative, proche de celle des opticiens traditionnels. Dans le cadre d’une politique de restructuration, la plus ancienne chaîne italienne a fermé en l’espace de 4 ans une centaine de magasins, et commence à dégager des bénéfices. Le chiffre d’affaires réalisé en 2015-2016 est supérieur à 213 millions d’euros, soit une augmentation de 13% par rapport à l’année précédente.
Par cette opération, le groupe italien augmente sa présence sur le marché du retail qui représente près de 70 % de son chiffre d’affaires dans le monde : les 400 points de vente S&V rejoignent un parc de plus de 7 000 magasins détenus par Luxottica. Et son arrivée sur son marché domestique n’est pas anodine. L’objectif est double : conserver les 50% de parts de marché en vente de montures optiques, 30% du solaire avec Ray-Ban, selon nos experts et protéger le marché des indépendants face au développement du discount.
Au regard de la puissance financière du groupe italien Luxottica, on peut se demander si une opération du même acabit est envisageable sur le marché français. A notre connaissance, la probabilité est moindre au regard de notre marché, structuré et bien organisé.
*L’observatoire de l’optique Bien Vu (2016)