Selon les derniers chiffres du cabinet Altares, spécialisé dans l’information sur les entreprises, les chiffres de l’optique concernant les défaillances (redressement judiciaire et liquidation judiciaire) ont augmenté sur le 3e trimestre 2022 par rapport au 3e trimestre 2021, passant de 13 magasins à 20 (cf graphique en bas de page).
Surtout, le nombre de magasins en liquidation judiciaire a bondi de 9 à 18 sur la même période, exprimant une situation économique irrécupérable dans certains points de vente.
Autrement dit, parmi les magasins d'optique en défaillance, 9 sur 10 se retrouvent en liquidation judiciaire, quand les autres secteurs d'activité du commerce de détail se situent autour d'un ratio de 2 sur 3.
Anticiper les difficultés économiques pour éviter la liquidation
Thierry Millon, directeur des études Altares, donne une grille de lecture supplémentaire : « Cette situation exprime la nécessité des magasins de mieux anticiper les difficultés économiques auxquelles ils sont confrontés pour éviter de se retrouver en liquidation judiciaire. L'optique est pourtant une activité plutôt stable et protégée, qui a une faible concurrence numérique et ne dépend pas des aléas du climat, contrairement à d'autres secteurs d'activité comme le prêt-à-porter par exemple. L'optique subit également moins de pression venant de la baisse du pouvoir d'achat des ménages grâce au système de remboursement. Le taux de liquidation judiciaire pourrait être inférieur à ce qu'il est aujourd'hui ».
Moi j'ai ouvert mon magasin indépendant il y a moins d'un an et je galère vraiment à me créer ma clientèle face à l'écrasante concurrence des magasins déjà implantés et des grandes enseignes, ainsi que face à l'ogre des réseaux de soins fermés qui attirent les clients par une offre de remises mais pour mieux posséder leur santé ensuite et la tirer vers le bas. Quand on veut augmenter l'offre de services il est très difficile de rivaliser à côté de ces remises faramineuses et surtout du meilleur remboursement que les gens obtiennent quand ils vont dans un magasin conventionné réseau fermé, ce qui est déloyal, surtout pour les plus petits qui ne peuvent pas sacrifier leur marge autant que les grandes enseignes qui compensent avec le grand nombre de clients.
Mais la plus grosse erreur de l'article c'est quand il dit que l'optique ne souffre pas de la baisse du pouvoir d'achat des ménages grâce au système de remboursement. Mais Mr Millon est-il au courant que les remboursements des mutuelles ont diminué de 50% en 5 ans dans l'optique pendant que les cotisations ont augmenté de 15% ? Il y a encore 5 ans les clients étaient remboursés sans problème 200 euros sur leur monture voire plus. Aujourd'hui le plafonnement du remboursement à 100 euros fait très très mal aux clients. Les mêmes clients qui n'avaient pas de reste à charge il y a 5 ans sur leur équipement optique (ou très faible : en moyenne sous les 50 euros) se retrouvent aujourd'hui avec un reste à charge qui explose, souvent bien supérieur à 100 euros. Une monture de marque de qualité valant entre 180 et 250 euros je vous laisse imaginer alors le reste à charge. Et quand vous êtes un petit magasin indépendant comment faire face à la puissance économique et aux offres de remises des grandes enseignes ainsi qu'aux réseaux fermés qui attirent forcément plus de monde face à ces remboursements qui diminuent ? Donc non il y a vraiment de forts soucis. Moi j'ai fait un super concept de magasin avec en plus des services inédits et uniques en France. Mais je galère car les gens de mon quartier cherchent surtout des remises pour faire face à la baisse des remboursements des mutuelles. Tout est donc tiré vers le bas et les mutuelles prennent le pouvoir, ce qui n'est pas favorable à notre secteur, surtout aux petits nouveaux qui débarquent et veulent être indépendants. C'est pas pour rien si les nouveaux indépendants qui marchent le mieux sont ceux qui attirent la clientèle avec des offres à bas prix (type lunettes pour tous et Jimmy Fairly). Mais pour ceux qui choisissent la voie de la qualité c'est beaucoup plus difficile et cela met énormément de temps avant d'être reconnu. Et certains ne peuvent pas tenir le temps que ça arrive. Le marché s'orientant vers le low cost et la remise permanente, le secteur change profondément et est tiré vers le bas.
Au lieu d'enfoncer et de culpabiliser ceux qui vont mettre des années à se relever,en leur donnant des leçons d'anticipation,il ferait mieux d'analyser plus en détail ce que subit l'optique depuis des années et chercher les vrais coupables...
Mais une analyse plus fine et plus honnete de ce qui nous a conduit aujourd'hui à une profession en perdition est elle encore possible ?
Par contre,l'ambiance actuelle se rajoute hélas,bel et bien aux résultats..
Mais ne vous trompez pas de cible...